La tortilla espagnole, une espèce en voie de disparition

Tortilla

Le réchauffement climatique risque de redessiner les contours de notre alimentation. En Espagne, la production d’olives est notamment en danger. Nos cuisines locales sont-elles en train de disparaître ?

Photo de couverture : Lugarnia

La crise climatique fait déjà des ravages dans notre environnement, et bientôt dans nos assiettes. Et si nos habitudes alimentaires changeaient du tout au tout ? C’est ce qui risque très probablement d’arriver, selon une étude réalisée par l’Institut Européen des Politiques Environnementales datant du 21 avril dernier. Sur le long terme, le changement climatique induira deux choses : premièrement, une transformation des méthodes d’agriculture dans toute l’Europe, et deuxièmement, une réflexion sur notre consommation et nos cuisines traditionnelles.

La cuisine Méditerranéene fragilisée

Huile d’olive, patates, blé, riz, cacao… Toutes ces cultures sont celles qui sont les plus produites et/ou consommées en Europe et dans le bassin Méditerranéen, et elles sont en danger. En effet, elles sont très fragiles face aux sécheresses ou aux inondations. En ce qui concerne les olives, un aliment essentiel de la culture espagnole – qui en est d’ailleurs le plus grand cultivateur mondial avec 60% des productions en provenance de la péninsule ibérique – elles sont de plus en plus difficiles à faire pousser. En 2023, à cause des sécheresses en Espagne, la production a baissé de 40%, et en conséquence, leur prix a considérablement augmenté. L’Andalousie est particulièrement touchée par cette crise et certaines espèces d’olives risquent même de disparaitre.

Les agriculteurs Espagnols sont conscients de cette tension, et mettent d’ores et déjà en place des solutions. Les plants d’oliviers étant menacés par l’érosion des sols, une des réponses trouvées est de végétaliser les sols dans lesquels les oliviers s’enracinent en y plantant différents herbacés. Ainsi, les plantes retiennent l’eau, aident à protéger les racines d’oliviers et enrayent l’érosion du sol.

De la même manière, la culture de la patate est menacée. Autre composante essentielle de la cuisine Espagnole, notamment dans les tortillas, les patatas bravas ou les croquetas, le tubercule est consommé en masse par les Européens (90 kg par an et par personne) et risque de disparaître de nos menus. Si les agriculteurs n’adaptent pas leurs méthodes, sa production déclinera de 2% à 6% d’ici 2055.

L’agriculture durable en ligne de mire

Mais comment modifier ces systèmes d’agriculture millénaires, pensés pour répondre aux besoins d’une population mondiale de plus en plus nombreuse ? C’est bien simple, il faut ralentir. Aujourd’hui et depuis plusieurs années, les fermes d’Europe font pousser leurs denrées qu’il vente, qu’il pleuve ou qu’il neige grâce à des pesticides et à des systèmes d’agriculture massive qui s’éloignent du rythme de pousse naturelle des aliments. Il devient urgent d’adapter nos techniques, selon l’IEEP.

Pour sauvegarder les cuisines traditionnelles de chaque pays, et notamment continuer à manger des tortillas, il faudra s’appuyer sur des pratiques de culture durables et donc plus lentes, comme la permaculture par exemple. Ces techniques, déjà utilisées sur certains terrains, encouragent la régénération des sols, sont des systèmes plus respectueux du rythme naturel des cultures et permettent à celles-ci d’être plus robustes face aux conditions météorologiques changeantes. Certes, ces techniques produiront moins de denrées, et nous nous régalerons peut-être moins de tortillas, mais disons qu’il vaut mieux en manger moins que plus du tout.

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