Dans l’enfer des voitures à Barcelone

Seuls 10 % des Barcelonais se déplacent en voiture, selon les dernières données publiques. Pourtant, chaque jour, 35 000 véhicules à moteur pénètrent dans la capitale de la Catalogne. Voyage au sein de l’enfer automobile de Barcelone.

Si l’on mettait bout à bout les voitures qui accèdent chaque jour à Barcelone, il serait possible de former une queue de 2100 kilomètres. Soit la distance qui sépare Barcelone d’Istanbul. De fait, rendre l’air pur pour les administrés a toujours été une priorité, pour les maires de Barcelone.

Depuis l’époque du socialiste Pasqual Maragall, le but est des retirer des couloirs réservés aux voitures pour les donner aux transports en commun. Mais les conducteurs catalans ne sont pas adeptes du covoiturage. Les 35 000 véhicules privés qui entrent quotidiennement ne transportent que 42 000 personnes soit 1,2 personne par voiture en moyenne. Au même moment, 250 bus contiennent 15 000 personnes, soit une moyenne de 60 passagers par véhicule.

Un moyen de transport qui gagne en efficacité grâce aux voies des bus plus nombreuses. À titre d’exemple, grâce à la multiplication de ses voies, aujourd’hui un trajet en bus pour relier la commune de Mataro à Barcelone sur l’avenue Glories est plus rapide de 5 minutes qu’auparavant.

Barcelona tendrá un bus semidirecto con cuatro paradas que unirá Francesc Macià, el centro y Glòries

Comme ses prédécesseurs, Ada Colau supprime des couloirs de voitures pour privilégier les bus, mais aussi les pistes cyclables. 9,3 % des habitants de Barcelone choisissent ce moyen de locomotion. 55 % prennent le bus et le métro et 13 % se déplacent uniquement à pied.

60 % des automobilistes étrangers à la ville entrent dans Barcelone majoritairement par les périphériques (rondas). Les 40 % restants empruntent les boulevards Gran Via, Diagonal, Via Augusta et Meridiana. Sous l’impulsion d’Ada Colau, les automobilistes ont perdu une vingtaine de couloirs de circulations sur ces axes.

Pourtant, les chiffres sont cruels : le nombre de véhicules à moteur n’a pas diminué, si l’on compare avec les chiffres d’avant la pandémie. Les transports en commun ne font pas le plein depuis la sortie de la crise sanitaire. 85 % des utilisateurs sont revenus.

Les automobilistes préfèrent rester coincés dans des embouteillages plutôt que d’utiliser les bus ou Rodalies (les RER catalans). Lumière au milieu de la fumée des pots d’échappement : 70 % des automobilistes qui viennent à Barcelone sans y habiter seraient prêts à emprunter un transport en commun si celui-ci devenait plus efficace, selon une enquête de l’association routière RACC.

Les riverains de l’Eixample étouffent

Une fois entrés dans la ville, le chemin des automobilistes est bien connu des Barcelonais : circuler dans les rues de l’Eixample. Cet arrondissement, le plus saturé de la ville, est envahi de voitures et motos. Une véritable sanction pour les riverains qui ne sont que 14 % à utiliser une voiture ou une moto. Les habitants de l’Eixample sont avant tout des piétons. 30 % des habitants de ce quartier ne se déplacent qu’à pied. Viennent ensuite les bus et métros.

En plus de l’Eixample, les Barcelonais ne possédant pas de voiture se massent dans Ciutat Vella et Gracia. Les plus motorisés sont à Sarria Sant Gervasi. Dans ce district, on note une pointe de 404 voitures pour 1000 habitants. À Ciutat Vella, le chiffre tombe à 166 voitures pour 1000 habitants.

La plaie des deux-roues à Barcelone

En plus de la pollution des voitures, les Barcelonais doivent subir le fléau des motos et scooters. Cette catégorie  ne représente que 6 % du volume des déplacements dans la ville. Pourtant, c’est le collectif que l’on entend le plus, avec des moteurs criards de décibels, et qui génère un stress majeur.

cbe802ad b019 4f21 9bc5 f7c3d640b383 16 9 aspect ratio 50p 0Accident carrer Diputació (Photo Ferran Nadeu)

Selon une étude du RACC, 45 % des motards reconnaissent ne jamais s’arrêter aux passages piétons. Si les deux roues ne représentent que 6 % des déplacements, ils sont responsables de 36 % des accidents avec sinistres. En cause : démarrage avant le passage au vert, zigs-zags incessants, vitesses excessives et non-respect des priorités aux passages piétons.

Passage piétons sur la rue Independencia. Vidéo compte Twitter @ProuTransit

La politique de circulation à Barcelone sera l’enjeu des prochains mois. Malgré ses efforts, la ville ne respecte pas les taux de pollution imposés par l’Union Européenne. 3700 personnes en sont mortes l’an dernier selon un rapport de l’institut de santé barcelonais IS Global.

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