Les animaux de Barcelone vont-ils disparaître ?

animaux barcelone

Bruit, pollution, immeubles modernes… Barcelone ne semble pas vraiment être une ville accueillante pour les animaux sauvages. Certaines espèces pourraient même disparaître de la ville. 

Photo : Galanthus

Il y a les visibles (parfois même inratables) : perruches vertes, pigeons, mouettes, rats, sangliers, mais aussi d’autres plus discrets comme les rouge-gorges, tourterelles, hirondelles… Si la ville de Barcelone dénombre 1,6 million d’habitants humains, c’est encore plus si l’on compte les animaux. 

Contrairement à ce que pense le commun des mortels, la vie sauvage dans les villes est très dynamique”, affirme Xavier Ferrer Parareda, biologiste spécialiste des oiseaux et professeur à l’Université de Barcelone. On trouve dans la ville pas moins de 532 espèces différentes, comme des grenouilles et geckos dans les espaces verts, et même des couleuvres sur les collines de Barcelone (Montjuïc, Tres Turons, el Putxet ou el turó de la Peira). 

animaux barcelonePhoto : Galanthus

Au rayon des mammifères, on peut aussi croiser dans le parc de la Ciutadella ou sur Montjuïc des hérissons et écureuils, mais aussi à certains endroits des chauves-souris, “certaines de très grande taille, grandes comme des pigeons”, précise Sergi García, président de l’association Galanthus pour la protection de la faune et de la flore dans les villes. 

Mais les animaux les plus présents à Barcelone (après les Hommes) sont les oiseaux. Outre les plus communs comme les pigeons, hirondelles ou mouettes, la ville compte des hérons, choucas (une sorte de corbeau), des hiboux, des buses… et même des faucons pèlerins, qui nichent notamment dans la Sagrada Família. 

Barcelone, pas forcément accueillante pour les animaux

Mais une grande métropole n’est pas toujours l’espace le plus propice au développement de la faune sauvage. Entre la pollution, le bruit, l’agitation, le trafic, le manque d’espace pour nicher et tous les possibles prédateurs, on peut se demander si les animaux qui vivent aujourd’hui dans la capitale catalane sont menés à disparaître. 

Et certains oiseaux pourraient effectivement ne plus pointer le bout de leur bec à Barcelone. Une trentaine d’espèces au total, qui y sont déjà assez rares, selon Xavier Ferrer Parareda. Le choucas, par exemple, est de plus en plus difficile à observer alors qu’ils étaient présents en nombre dans les années 2000.

animaux barcelonePhoto : Sagrada Família

Mais Sergi García se montre moins préoccupant. “Si certains animaux sont menacés, c’est rare ou de manière très locale”, assure-t-il. Il n’empêche que certains de nos comportements nuisent au développement de la faune, à Barcelone, comme l’entretien ou la rénovation des immeubles sans prendre en compte les critères environnementaux. “Le nettoyage des vitres d’un immeuble où se trouvent des faucons peut ruiner la ponte ou entraîner la mort des petits”, une situation qui est déjà arrivée, évoque le président de Galanthus. 

Les rénovations de façades peuvent aussi boucher ou détruire les nids d’hirondelles, par exemple, et l’architecture moderne trop lisse ne facilite pas leur installation, elles qui apprécient les recoins et corniches. 

Des espèces exotiques invasives, à surveiller

Parfois, la menace ne vient pas directement de l’Homme, mais d’animaux exotiques qu’il a lui-même introduits à Barcelone, comme les perruches vertes (“perriches veuves”, de leur vrai nom) ou les tortues de Floride. Selon Sergi García, pour le moment, les espèces invasives ne menacent pas de disparition d’autres animaux de Barcelone, car la mairie suit des protocoles pour limiter leur population. Les tortues de Floride, par exemple, sont systématiquement capturées, et il existe des programmes visant à contenir le nombre de pigeons, chats, sangliers, ou même les rossignols du Japon.

animaux BarceloneTortue de Floride à Manresa. Photo : Eduard Sardans Del Rio/Nacio Digital

Mais tous les animaux ne sont pas en danger, bien au contraire : de nombreuses espèces s’adaptent bien à la vie barcelonaise. “Il y a de très nombreuses espèces à Barcelone aujourd’hui, comme le pigeon ramier ou la tourterelle turque, qui n’existaient pas ici il y a 20 ou 30 ans”, insiste Xavier Ferrer. 

La mairie met d’ailleurs en place des programmes de conservation pour éviter que les espèces ne disparaissent, en adaptant les parcs et espaces verts de la ville pour mieux accueillir les animaux. On peut par exemple citer des nids à hérissons installés par la mairie, des mangeoires à oiseaux, des rampes pour les grenouilles, ou des boîtes pour accueillir les chauves-souris. Mais elle ne peut agir sans la collaboration des Barcelonais.

Comment protéger les animaux de Barcelone ?

On le sait, l’action des habitants de Barcelone est fondamentale pour pouvoir continuer à y observer des animaux sauvages. Ne pas alimenter les pigeons ou les perruches, qui sont en trop grand nombre, est une étape importante, selon Xavier Ferrer Parareda, ainsi que surveiller les endroits où l’on laisse son chat ou chien se promener. “Dans le cas de Barcelone, l’un des gros problèmes est qu’il y a un trop grand nombre de chats sauvages, il ne faut donc pas laisser son chat ou son chien se promener à son aise dans les espaces verts”, car ceux-ci pourraient détruire des habitats ou chasser d’autres espèces. 

animaux barcelonePhoto : Zoo de Barcelone

Sergi García insiste également sur l’importance de ne pas déplacer les hérissons. “Si l’on en trouve un dans un parc qui ne présente pas de symptômes d’une maladie ou de blessure apparente, vaut mieux le laisser tranquille, et ne pas le transporter à un endroit où l’on pense qu’il sera mieux, car ce sera certainement pire.” Il alerte aussi sur le fait de relâcher des animaux dans les parcs et espaces verts, comme des poissons ou des tortues domestiques, quelque chose à ne surtout pas faire car elle nuit aussi bien à ces animaux qu’à la faune locale. 

Mais le meilleur conseil pour inviter les animaux à rester à Barcelone est encore de les accepter dans son quotidien. “Il faut être tolérants, dans la mesure du possible, avec les animaux qui ont décidé de venir vivre dans nos immeubles”, affirme Sergi García, “car les dérangements qu’ils pourraient occasionner sont inférieurs aux bénéfices qu’ils nous apportent”.

Pour en savoir plus sur tous les animaux qui vivent à Barcelone, direction l’atlas de la biodiversité ici.

À lire aussi : Mouettes et goélands, un fléau pour Barcelone ?

Recommandé pour vous

Bloqueur de pubs détecté

Merci de désactiver votre bloqueur de publicités pour accéder gratuitement aux contenus d'Equinox.