Qui sont les Comités de Défense de la République qui ont organisé hier à Barcelone les protestations contre le Roi d’Espagne? Enquête.
Le blocage des routes et des stations de trains de Barcelone le 8 novembre dernier lors de la grève catalane, c’était eux. Les sifflets et manifestations contre la venue du Roi hier à Barcelone pour l’inauguration du Mobile World Congress, qui s’est soldée par une charge policière, c’était encore eux. La manifestation pour investir Puigdemont président de la Catalogne devant le parlement qui a débordé la police le 30 janvier, c’était toujours eux.
Eux, ce sont les Comités de Défense de la République (CDR), des micro-collectifs géolocalisés par quartiers barcelonais et villes catalanes. Les Comités de Défense de la République sont une mutation des Comités de Défense du Référendum. Ces mini-plateformes sont nées spontanément fin septembre avec pour but de sécuriser les écoles pour que le référendum puisse avoir lieu. Depuis le 27 octobre et la stérile déclaration d’indépendance, les collectifs se sont donnés pour mission de défendre l’implantation de la République catalane.
Tensions
Une odeur de souffre se fait sentir autour des manifestations convoquées par les CDR, qui se terminent souvent par des blocages de rues, de routes et des charges policières. Les CDR sont-ils violents par nature? Difficile de répondre à cette question. Les activistes qu’Equinox a rencontrés présentaient certes un profil anti-système mais sont plus portés sur la résistance pacifique. Les CDR organisent d’ailleurs des cours collectifs d’auto-défense pour apprendre à réagir face à la police, toujours de façon passive.
Les comités, qui se réunissent par quartiers ou par communes, reçoivent aussi des formations juridiques pour savoir comment réagir en cas d’arrestation. Les membres des CDR que nous avons rencontrés sont des militants indépendantistes convaincus qui se réunissent également dans des paellas populaires ou des projections cinématographiques en plein air. Ils ont cependant grand mal à révéler leur identité, confondant souvent les journalistes avec des policiers en civil qui tenteraient d’infiltrer leurs groupes.
Violences
Lorsqu’un rassemblement convoqué par les CDR dégénère comme ce fut le cas hier lors des charges policières de la via Laietana, il est compliqué de savoir quel rôle jouent exactement les comités de défense dans les tensions. Lors de ce type de manifestations arrivent en masse les militants anti-système proches de la maire Ada Colau et Arran, la branche jeune et violente de la Cup. Le problème est que souvent un membre du CDR peut également militer à Arran et réciproquement.
Les CDR sont devenus la nouvelle bête noire de la presse espagnole qui pense que les comités ont le contrôle des rues de Catalogne. On en est encore loin, le nombre de militants des CDR reste réduit. Cependant, contrairement à l’ANC qui est structurée et qui a organisé toutes les manifestations indépendantistes depuis 2012, les CDR sont plus mobiles et plus autonomes. Alors que l’ANC est plutôt proche du centre-droit et soutien indéfectible de Puigdemont, les CDR tirent leurs racines de l’extrême-gauche. Tandis que l’ANC est une armée de paisibles retraités, les CDR sont davantage constitués de jeunes qui ont envie de faire sauter le système. Certains leaders indépendantistes favorables à la manière forte, comme le député Antoni Castella, se félicitent de l’existence des CDR qui seront très utiles selon lui « pour réussir le projet indépendantiste ».