Pendant que Carles Puigdemont veut que le parlement catalan le reconnaissance président symbolique, les indépendantistes tentent de former un gouvernement. Le tout sous le poids de la justice espagnole.
Malgré le SMSGate où Carles Puigdemont avouait à son ancien ministre Toni Comin que « c’était fini » sur des messages captés par Telecinco, l’ancien chef de la Catalogne s’accroche. Hier à Bruxelles, l’ancien président a reçu une délégation d’indépendantistes de son courant Junts Per Catalunya et de la gauche ERC. Puigdemont est à la manœuvre pour trouver une formule qui lui permette d’avoir une reconnaissance officielle du parlement de Catalogne. Une sorte de présidence émérite basée à Bruxelles serait à l’étude, avec rémunération et bureau.
La mouvance de Carles Puigdemont et des indépendantistes de gauche ERC vont théoriquement former un gouvernement de coalition. Tandis qu’ERC estime que la répartition des ministères devrait être de 50% pour chaque parti, Carles Puigdemont revendique 60% pour ses ministres et les postes clés, notamment le ministère de l’Économie. Lourd symbole, le ministre sortant de l’économie est Oriol Junqueras, chef d’ERC actuellement en prison. « C’est du bluff, Puigdemont prend une posture de négociation, on aura 50/50 » affirme à Equinox, une source proche d’ERC.
Les poids lourds inéligibles
L’investiture du prochain président de la Catalogne et de son gouvernement sera dans tous les cas fastidieuse. Du fait de la division entre les indépendantistes mais aussi par la judiciarisation extrême qu’entendent mener le parquet espagnol et le juge du tribunal suprême Pablo Llarena en charge de l’affaire de la déclaration d’indépendance. Il ne fait guère de doute que le juge va appliquer l’article 384 bis de la loi de procédure pénale qui permet une inéligibilité express dans le cadre des délits terroristes et de rébellion pour les personnes ayant été placées en détention provisoire. Ce qui est le cas de l’ensemble du gouvernement Puigdemont, poursuivi pour rébellion. Un vide juridique réside cependant dans le fait que, de par leur fuite, Carles Puigdemont et quatre de ses ministres n’ont pas été placés en détention préventive.
Cet article pourra être appliqué par le juge avant le procès c’est-à-dire dès la fin du mois prochain. Ce qui se traduit par une impossibilité pour les poids lourds indépendantistes de se convertir en président de la Generalitat ou de diriger un ministère dans le prochain gouvernement. L’ancien porte-parole de l’exécutif sortant Jordi Turull, l’ex-ministre Josep Rull ou encore le chef de l’association indépendantiste l’ANC Jordi Sanchez se retrouvent a priori disqualifiés pour devenir le 132e président de la Generalitat. Les regards se tournent désormais vers Elsa Artadi, étoile montante du Carlisme.