La crise vécue par le Real Madrid ces dernières semaines arrange bien son concurrent de toujours, le F.C. Barcelone. Même s’il ne faudrait pas que le passage à vide de l’équipe de Zidane dure trop longtemps.
Photo: twitter @Cristiano
Après 2 années triomphales (2 Ligues des Champions, une Liga, deux titres de Champion du Monde), le Real Madrid est au plus bas. Écarté de la course au titre de champion d’Espagne – 19 points de retard sur le Barça avec certes avec un match en moins – éliminé de la Coupe du Roi après une défaite chez lui face au modeste Leganes, le club entrainé par Zidane joue maintenant toute sa saison sur le 1/8ème de finale de Ligue des Champions contre le PSG. Avec la perspective de ne plus rien avoir à gagner le 6 mars au soir après le match retour au Parc des Princes. Une situation qui fait les affaires du Barça… pour l’instant!
La crise du Real donne de l’air au Barça
Pourquoi la misère de l’un fait-elle le bonheur de l’autre? Après tout, les deux pourraient être au sommet et se partager les honneurs. « C’est la théorie des vases communicants entre le F.C. Barcelone et le Real Madrid, explique Juan Jimenez, journaliste chez As, si l’un plonge, l’autre monte et est quasiment sûr de gagner ».
Jeudi dernier, au lendemain de l’élimination de l’équipe de la capitale en Coupe du Roi, les deux journaux catalans Mundo Deportivo et Sport titraient en une sur la défaite de l’éternel rival plutôt que de se concentrer sur le derby entre le Barça et l’Espanyol le soir-même. Une manière de se moquer de l’autre mais aussi de minimiser la possible contre-performance du F.C. Barcelone, qui s’est finalement qualifié pour les 1/2 finale. Et qui, sans son éternel rival, devient de fait le grandissime favori de la compétition.
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— Mundo Deportivo (@mundodeportivo) January 29, 2018
Les déboires du Real sont aussi pour le Barça un paratonnerre face aux propres décisions du club catalan. La presse sportive remplit chaque jour des heures de programme radios ou télés, des journaux, et trouvent donc des sujets à traiter. Quand l’actualité sportive de l’éternel rival est au plus bas, l’ordre du jour est tout trouvé. Dans le cas présent, cela permet de masquer les interrogations légitimes sur comment le F.C. Barcelone a pu recruter Coutinho pour 160 millions d’euros après avoir enrôlé Dembélé pour 145 l’été dernier, le pourquoi de la baisse de fréquentation du Camp Nou, l’avancée des travaux du nouveau stade, les choix tactiques de l’entraineur, etc, etc… La crise actuelle du Real Madrid permet donc au Barça de travailler dans la tranquillité dont il n’avait pas disposé l’été dernier (départ de Neymar), puis à l’automne (crise catalane).
Le Barça a intérêt que le Real aille bien quand même
Le F.C. Barcelone n’a pourtant pas intérêt à ce que la crise du Real s’éternise. Le club catalan est en effet ce qu’il est aujourd’hui parce qu’il a toujours joué contre un adversaire du calibre de son éternel rival. Le Real a obligé le Barça à se dépasser pour atteindre les sommets et vice-versa. Les deux clubs se rétro-alimentent. C’est d’ailleurs pour cela que les télés payent 1,2 milliards d’euros par an pour diffuser le championnat espagnol. Que le Real traverse une mauvaise passe est donc bon pour le Barça à court terme, mais pas à moyen long terme. Que le Real élimine le PSG serait même bon pour les affaires, car voir un club de Ligue 1 éliminer un club de Liga jetterait le voile sur le championnat d’Espagne, déjà secoué par les volontés d’indépendance de la Catalogne.
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Un intérêt réciproque puisqu’en octobre dernier, au plus fort de la crise catalane, c’est le président du Real Madrid lui-même qui avait apporté son soutien au F.C. Barcelone en déclarant publiquement « ne pas imaginer une Liga sans le Barça ». Florentino Perez, en grand homme d’affaires, sait bien que le championnat espagnol perdrait 30 à 40% de sa valeur économique sans le Barça, sans compter la perte de compétitivité sportive. Car, plus que la crise de l’autre, c’est remporter des titres et être en tête du classement européen et mondial qui intéressent les deux géants d’Espagne.