À Barcelone, les Français ont le droit de vote pour les élections municipales. Etat des lieux et guide pratique des démarches à effectuer pour élire le nouveau maire de la capitale catalane en 2019.
Lors du référendum du 1er octobre et des élections catalanes du 21 décembre, les Européens et donc les Français n’ont pas pu voter conformément aux législations électorales en vigueur. Avec l’importance et le clivage exceptionnel de ces scrutins, une certaine frustration s’est faite sentir chez les Français de Barcelone qui n’ont pas eu leur mot à dire. Bonne nouvelle, grâce aux accords européens, ils pourront s’exprimer lors des prochaines élections municipales qui auront lieu au printemps 2019. Les indépendantistes vont mener bataille pour récupérer la capitale de la Catalogne afin d’envoyer un signal international. Les partisans et opposants français au processus indépendantiste pourront cette fois-ci s’exprimer.
Pour cela, il faut dès maintenant effectuer des démarches administratives afin de pouvoir exercer son droit de vote. Logiquement, il faut posséder les documents basiques des résidents européens à Barcelone: le padrón et le NIE. Il suffit de vous rendre dans le bureau de la mairie correspondant à votre domicile avec ces documents pour vous faire inscrire sur les listes électorales. Au passage, vous pourrez également voter pour les élections européennes qui auront lieu le même jour que les municipales.
Voici les adresses et horaires d’ouvertures des bureaux correspondant à votre quartier :
- Oficina d’Atenció Ciutadana del Districte de Ciutat Vella
- Oficina d’Atenció Ciutadana del Districte de l’Eixample
- Oficina d’Atenció Ciutadana del Districte de Sants – Montjuïc
- Oficina d’Atenció Ciutadana de la Marina
- Oficina d’Atenció Ciutadana del Districte de les Corts
- Oficina d’Atenció Ciutadana del Districte de Sarrià – Sant Gervasi
- Oficina d’Atenció Ciutadana del Districte de Gràcia
- Oficina d’Atenció Ciutadana del Districte d’Horta – Guinardó
- Oficina d’Atenció Ciutadana del Districte de Nou Barris
- Oficina d’Atenció Ciutadana de Zona Nord
- Oficina d’Atenció Ciutadana del Districte de Sant Andreu
- Oficina d’Atenció Ciutadana del Districte de Sant Martí
Municipales: état des lieux des candidats
Il est fort probable qu’Ada Colau tente de se faire élire pour un second mandat. Les trois premières années à la tête de la ville furent compliquées pour l’ancienne activiste issue du mouvement des Indignés. Avec un score de 25,21 %, Ada Colau dirige la mairie de Barcelone en minorité. Le système électoral espagnol étant proportionnel, Colau ne possède que 11 conseillers municipaux sur les 41 du consistoire. La maire proche de Podemos avait fait alliance avec les cinq conseillers municipaux socialistes. Un pacte qui s’est écroulé sous le poids de l’article 155 de la Constitution suspendant les compétences catalanes suite à la déclaration d’indépendance. Le parti socialiste espagnol a voté le 155. Ada Colau est adepte du « ni-ni ». Ni 155, ni indépendance. Le divorce avec Jaume Collboni, chef des socialistes est consommé.
Avec seulement onze conseillers, la première édile a du baisser les ambitions qu’elle a exposé lors de la campagne électorale. Les croisières de luxe sont toujours présentes dans le port de Barcelone, la brigade anti-émeute de la Guàrdia Urbana n’a pas été dissoute et les expulsions locatives continuent. La seule grande promesse tenue est le moratoire empêchant l’ouverture de nouveaux hôtels. Une mesure qui devient encore plus polémique depuis la chute des réservations dans le secteur, suite à l’attentat terroriste de la Rambla et de la déclaration d’indépendance. Le problème du tourisme de beuverie et de mauvaise qualité qui hante les rues de Barcelone doit être revu sous le nouvel éclairage de la baisse touristique. Si les visiteurs se raréfient, les Barcelonais devront se contenter d’un certain type de touristes qui vient passer un séjour à Barcelone. Il faudra voir quel angle choisit Ada Colau pour mener son éventuelle seconde campagne. La lutte contre la corruption ne peut pas être une fin en soi.
L’indépendantiste de la gauche républicaine (ERC) Alfred Bosch est en embuscade. Le dernier baromètre électoral le donne vainqueur de l’élection avec une très courte avance sur Ada Colau. Bien qu’étant dans le camp progressiste, donc naturellement proche de l’actuelle maire, le leader d’ERC s’est converti en premier opposant d’Ada Colau. Très à l’aise dans les médias, toujours le bon mot à la bouche, Alfred Bosch a su déstabiliser la patronne de l’hôtel de ville sur ses erreurs et maladresse.
L’an dernier, il a réussi à mener une virulente campagne contre Colau qui avait cru bon de sortir des anciennes statues de Franco pour les remettre sur la voie publique dans un but artistique. Les statues ont fini par être saccagées par des indépendantistes puis retirées de la rue. Bosch a marqué des points sur la gestion de la sécurité de Barcelone. La position alambiquée de Colau sur l’indépendance, pourrait donner des ailes à Alfred Bosch en récupérant le vote progressiste indépendantiste. Le leader de la gauche républicaine pourrait aussi mettre dans son escarcelle les votes de l’extrême-gauche de la CUP.
Le parti anti-capitaliste qui possède trois conseillers municipaux a vécu un naufrage aux élections catalanes du 21 décembre passant de dix à trois parlementaires. Face à cette contre dynamique, la CUP pourrait disparaître du prochain conseil municipal. Enfin, le vote indépendantiste sera également disputé par la candidate du parti de Carles Puigdemont, le PDeCAT. L’ancienne porte-parole du gouvernement Neus Monté semble être la favorite pour représenter le centre-droit indépendantiste.
Après avoir obtenu un bon score lors des élections catalanes le 21 décembre sur Barcelone, le parti Ciutadans se voit déjà occuper le siège de la présidence du Saló de Cent. Attention aux erreurs de lecture électorale. Ciutadans a fait une poussée dans les quartiers populaires où justement Ada Colau avait cartonné aux municipales. Il y a eu un basculement de Podemos vers Ciutadans. Ce transfert s’explique du fait que l’élection du 21 décembre était uniquement tournée vers l’indépendance ou non de la Catalogne. Les classes populaires, souvent dépolitisées et abstentionnistes, ont déposé un bulletin Ciutadans dans l’urne uniquement pour faire barrage au séparatisme. Carina Mejías, la candidate de Ciutadans, BCBG « old school » ne fidélisera probablement pas ce vote, qui reviendrait vers Ada Colau et ses accents très sociaux. Cependant, Ciutadans qui possède actuellement cinq conseillers pourrait obtenir un meilleur score en aspirant les voix du Partido Popular de Mariano Rajoy, comme l’a fait Arrimadas aux élections catalanes. Il est fort à parier que le PP catalan ne sera pas remis de sa crise l’an prochain et pourrait disparaître du conseil municipal.
Enfin, les socialistes ne sont pas dans une position confortable. Il devront assumer le bilan de Colau pour y avoir participé, sans bénéficier de l’avantage d’être encore aux affaires.
Le scrutin à un tour unique aura lieu le 9 juin de l’année prochaine.