Les électeurs corses étaient appelés à voter pour élire les 63 membres de la nouvelle Collectivité territoriale unique de Corse (CTU), fusion des deux départements actuels et de l’ancienne collectivité territoriale. La coalition nationaliste, « Pè a Corsica », est arrivée largement en tête.
La France va-t-elle connaître, elle aussi, sa crise indépendantiste ? Dimanche 3 décembre, les Corses ont voté en faveur des nationalistes pour leur nouvelle Assemblée. Un score qualifié comme « exceptionnel », inscrit dans un scrutin marqué par une forte abstention.
L’échec du gouvernement de Carles Puigdemont et la mise sous tutelle de la région par Madrid n’aura pas freiné les élans de solidarité et d’espoir des nationalistes corses. Majoritaires à l’Assemblée, ils avaient fait adopter une motion marquant « la légitimité incontestable du gouvernement de la Catalogne » avant le référendum.
Le président de l’Assemblée, Jean-Guy Talamoni, et le président sortant du conseil exécutif arrivé en tête lors de ce premier tour, Gilles Simeoni, n’ont jamais hésité à témoigner leur soutien au peuple catalan pointant du doigt le manque de démocratie de la part de l’Espagne. Ce dernier avait rencontré l’ancien président de la Generalitat en 2016. Certains nationalistes de l’île de beauté avaient fait le voyage jusqu’à Barcelone le 1er octobre dernier, lors du référendum catalan interdit par Madrid.
Aujourd’hui, les Corses écrivent leur histoire
« Pè a Corsica » a de grandes chances de remporter l’élection dont le second tour aura lieu dimanche prochain. Au centre des demandes du nouvel exécutif, la co-officialité de la langue corse, l’enjeu des prisonniers politiques et le statut des résidents. Les régionalistes souhaitent une modification rapide de la Constitution.
Jean-Guy Talamoni attend une réaction du gouvernement d’Emmanuel Macron. Le deuxième tour sera l’occasion « d’exiger de Paris des discussions ». Il sera « très difficile pour Paris de faire comme si il ne se passait rien en Corse » pour le leader corse. Un discours semblable aux chefs indépendantistes catalans. Jean-Guy Talamoni n’exclut pas la possibilité de susciter des manifestations de grande ampleur en Corse. Une technique aussi adoptée par les associations indépendantistes catalanes. Si le gouvernement En Marche suit le même chemin que Mariano Rajoy, le président de l’Assemblée Corse n’hésitera pas à demander de l’aide à l’Europe. L’objectif : « faire le tour des capitales européennes pour mettre en accusation le gouvernement français ».
Toutefois, si les régionalistes continuent de montrer leur sympathie à l’égard de l’indépendantisme catalan, Gilles Simeoni se refuse catégoriquement de transposer le modèle catalan en Corse. Son modèle ? La Sardaigne, région autonome d’Italie jouissant d’un statut spécial, elle, depuis près de 70 ans.