La commission électorale vient d’interdire la projection de lumières de couleur jaune sur les bâtiments publics et les fontaines de Catalogne. Un symbole utilisé par les indépendantistes pour soutenir les anciens ministres et les « Jordis » actuellement incarcérés.
La crise catalane continue de provoquer des situations singulières, toujours dans le cercle action-réaction. Indignés par l’incarcération des deux Jordis, Jordi Sanchez et Jordi Cuixart, leaders des associations indépendantistes, et par la moitié de l’ancien gouvernement de Carles Puigdemont, les indépendantistes ont arboré sur leurs vêtements un petit ruban jaune en signe de protestation. Un symbole qui a vite été repris sur les réseaux sociaux.
Le phénomène a pris une telle ampleur que les mairies indépendantistes ont éclairé les bâtiments officiels et les fontaines avec des lumières jaunes. Barcelone a suivi le mouvement. Ada Colau n’est pas indépendantiste mais souhaite la libération des responsables politiques actuellement en prison.
Mais à quelques semaines du scrutin électoral du 21 décembre, les partis contraires à l’indépendance estiment que ces démonstrations de solidarité envers les prisonniers qui envahissent l’espace public sont à même d’influencer le vote.
Recours devant la commission électorale
Le représentant catalan du Partido Popular de Mariano Rajoy a saisi la commission électorale en ce sens. Xavier Garcia Albiol s’est appuyé sur l’article 50.2 de la loi électorale qui stipule « que les pouvoirs publics ne peuvent utiliser des images ou des expressions qui sont similaires à celles employées dans la communication des partis politiques qui concourent aux élections. »
La commission électorale est allée dans le sens du candidat PP. Elle estime que la projection de lumières jaunes est contraire à la neutralité des institutions. Les mairies sont donc invitées à cesser d’illuminer les bâtiments publics et les fontaines avec des couleurs jaunes. Ada Colau a dû également retirer la pancarte « Llibertat presos polítics » qu’elle avait fait poser sur la façade de l’hôtel de ville de Barcelone. Et les personnes tenant les bureaux de vote le 21 décembre ne pourront pas non plus porter le ruban jaune.
Enfin les médias publics catalans (TV3 et Catalunya Radio) n’ont plus le droit d’utiliser les termes « président en exil » pour décrire Carles Puigdemont ou « gouvernement en prison » pour les anciens ministres. La commission électorale demande à TV3 et Catalunya Radio de bien préciser que Carles Puigdemont et ses anciens ministres ne sont plus en fonction.
Les indépendantistes crient à la censure
Le président du groupe de la gauche indépendantiste (ERC) au conseil municipal de Barcelone Alfred Bosch a critiqué vertement la commission électorale « qui frise » selon lui le « ridicule ». « C’est ridicule de croire que retirer la couleur jaune d’une fontaine ou d’une façade va rétablir la normalité en Catalogne » s’agace Alfred Bosch qui estime que cette « couleur représente l’indignation populaire sur la situation politique » .
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Même son de cloche chez les amis d’Ada Colau qui affirment que les partis de droite et les socialistes feraient mieux d’unir leurs forces pour que les « prisonniers politiques sortent de prison », de manière à ce que la campagne électorale puisse se passer de la manière la plus normale possible.
Sur les réseaux sociaux, les indépendantistes hurlent à la censure. Le directeur de communication de la Generalitat Jaume Clotet, fidèle parmi les fidèles à Carles Puigdemont, s’amuse que la directrice de campagne de la liste Junts Per Catalunya porte un pull jaune lors d’une interview sur TV3. Une chose qui ne pourra jamais être interdite, ironise-t-il.
Volen prohibir els llaços grocs? Doncs durem jerseis grocs 🤗 pic.twitter.com/F3GXoojd3f
— Jaume Clotet 🎗 (@jaumeclotet) 28 de noviembre de 2017