Le retour du service militaire en Europe peut sembler anachronique en cette fin d’année 2017. C’est pourtant un des points de travail des indépendantistes avec également la création d’une armée de 20.000 hommes.
Le 20 septembre dernier, la police espagnole perquisitionnait le ministère de l’Économie et siège de l’ancien vice-président de la Catalogne Oriol Junqueras. Le numéro deux du ministère et cerveau du processus indépendantiste Josep Lluís Salvadó avait alors été placé en garde à vue et un nombre important de ses dossiers préparant la transition vers le nouvel État catalan ont été confisqués par la police espagnole. Parmi les documents de travail figurait un projet visant à instaurer un service militaire obligatoire en Catalogne. La création d’une armée catalane de 22.000 soldats était à l’étude. On se souvient qu’avant l’été un vif échange avait eu lieu entre le président Puigdemont qui souhaitait la création d’une armée catalane et Oriol Junqueras qui au contraire insistait sur le caractère pacifique de la Catalogne et préférait que la nation soit placée sous le protectorat d’une nation tiers.
Il semblerait que dans la salle des machines indépendantiste, le débat était toujours d’actualité et que Junqueras cherchait un consensus à l’aide d’experts qui produisaient des rapports. Un proche de l’ancien vice-président, le conseiller des euro-députés d’ERC Miquel Royo, explique dans un rapport que « qu’il faut apporter les premiers arguments permettant de focaliser le débat sur le modèle de sécurité et de défense nécessaire pour la Catalogne indépendante. »
L’image négative du service militaire obligatoire
Dans les documents confisqués par la police espagnole, il est fait mention « de l’Autriche, le Danemark ou la Suisse, qui sont des pays comparables à la Catalogne et qui possèdent 250 soldats pour 100.000 habitants; selon ce ratio, l’État catalan aurait besoin d’une force d’entre 18.000 et 22.000 militaires. »
Miquel Royo continue sa démonstration expliquant que « l’effort économique serait nécessaire, et que récupérer l’ancien service militaire est une option à ne pas écarter. » Le document de travail explique que « le rétablissement du service militaire obligatoire possède une image très négative chez le peuple catalan, dû à l’association mentale qui se fait avec l’armée espagnole, mais les caractéristiques concrètes du corps de défense peuvent évoluer dans un futur débat ».
Pour les auteurs de ce projet, il est impossible d’imaginer un pays sans armée. L’exemple a été pris sur le Costa Rica qui est devenu dépendant de nations tiers pour avoir une politique de défense, et qu’il « faudrait dans ce cas réadapter la police à des pratiques militaires ce qui donne un coup budgétaire aussi important que la création de sa propre armée. »
Un des coordinateurs de ce dossier de travail est le député européen indépendantiste Jordi Solé, qui travaille en ce moment même à Bruxelles au côté de Carles Puigdemont dans le cadre de sa campagne électorale.