La police catalane se retrouve, une fois de plus, au cœur du conflit territorial opposant l’Espagne à la Catalogne.
A partir de jeudi, le gouvernement espagnol va avancer le processus de l’activation de l’article 155. Ce dispositif de la constitution espagnole, jamais utilisé, permet au gouvernement central de reprendre les compétences d’une autonomie. Les attributions de la Catalogne sont nombreuses : finances, éducation, justice, culture et sécurité. C’est ce dernier point que le gouvernement espagnol voudrait récupérer en premier. Les Mossos d’Esquadra, les 17.000 agents de la police catalane, sont dans l’œil du cyclone depuis le début de la crise indépendantiste. Accusé d’être une police politique à la solde des indépendantistes, comme le reste de la société, le corps est divisé: un peu plus de la moitié des agents seraient en faveur de la cause séparatiste et l’autre non, selon une estimation interne.
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Le chef des Mossos, le très médiatique Josep Lluís Trapero, a été sanctionné hier par la justice espagnole. Il est poursuivi par l’Audience Nationale de Madrid pour sédition. Le 20 septembre dernier, alors que la police espagnole, la Guardia Civil, perquisitionnait le ministère de l’économie catalan, les Mossos d’Esquadra ont été accusés de « passivité ». Les agents de la police espagnole, qui recherchaient des documents en lien avec le référendum catalan, sont restés coincés près de 24 heures dans le bâtiment, la foule empêchant leur sortie. La juge de l’Audience Nationale a décrété hier que le major des Mossos devra pointer tous les 15 jours dans un commissariat, il n’a plus de passeport et ne peut quitter le sol espagnol.
Cellule de commandement démembrée
Avec l’article 155, sans grande surprise, l’Etat Espagnol devrait destituer Carles Puigdemont et son gouvernement et dissoudre le parlement catalan, avant de convoquer de nouvelles élections. Devant le tumulte de la rue, et des protestations que susciteront ces mesures, le gouvernement espagnol n’a aucune confiance dans les chefs des Mossos d’Esquadra. C’est la cellule de commandement de la police catalane qui serait démembrée: les ultra-indépendantistes ministre de l’intérieur Joaquin Forn et directeur des Mossos Pere Soler.
Même si la Police espagnole et la Guardia Civil n’ont pas retiré leurs 10.000 agents supplémentaires déployés sur le territoire catalan, ce sont les Mossos qui continueraient à gérer l’ordre public. En revanche, les ordres ne viendraient plus de la Generalitat mais de Madrid. L’action des Mossos lors de la manifestation indépendantiste de ce soir au Passeig de Gracia en faveur de la libération des présidents d’ANC et Omnium, sera scrutée de près.