Mariano Rajoy et le gouvernement espagnol poussent un soupir de soulagement. L’exécutif espagnol pense que la répression effectuée ces derniers jours empêchera la tenue du référendum. Si celui-ci a lieu, il n’aura aucune crédibilité se félicite-t-on à Madrid.
Ce mardi matin à Madrid il souffle comme un air de printemps alors que l’automne arrive. Dans les cercles de pouvoirs madrilènes, on se veut confiant et on pense que la répression mise en place depuis une semaine a totalement décaféiné le référendum du 1er octobre. Les plus optimistes pensent même que le vote n’aura pas lieu. Depuis mardi 12 septembre, tout le poids de l’État espagnol est tombé sur la Catalogne.
Le tribunal constitutionnel a suspendu toutes les lois du parlement catalan encadrant le référendum. Les 700 maires qui souhaitent ouvrir les écoles de leurs communes pour y installer des bureaux de votes sont convoqués par la police suite à une injonction judiciaire. Le bras armé de l’Espagne, la Guardia Civil, a débarqué dans les rédactions des journaux catalans qui diffusaient les publicités appelant au vote le 1er octobre. Le métro et les bus de Barcelone ont également cessé de diffuser ses publicités suite à un ordre de la justice espagnole. Les sites Internet officiels du référendum créés par le gouvernement catalan ont été fermés par les forces de l’ordre. La police espagnole a perquisitionné moultes imprimeries pour confisquer les bulletins de vote et a saisi par la même occasion 1,5 million d’affiches électorales.
Beaucoup plus grave pour le gouvernement catalan : la Guardia Civil a réussi à saisir ce matin une partie des listes électorales. La Generalitat n’a pas le droit d’utiliser les listes électorales pour organiser son scrutin. Cependant en sa qualité d’institution, le gouvernement de Catalogne a accès aux données et a recomposé une liste des électeurs. Ce matin vers 11h à Terrassa, non loin de Barcelone, la Guardia Civil a saisi un nombre abondant de documents en lien avec les listes électorales. Un coup dur pour l’organisation du référendum. La police a également confisqué des cartes d’électeurs prêtes à être envoyées dans l’entreprise de messagerie Unipost. La semaine dernière, c’est la Poste espagnole qui avait été empêchée par la justice d’envoyer aux électeurs cartes et bulletins de vote.
Une répression musclée
Poussé par la droite de la droite espagnole, le chef du gouvernement Mariano Rajoy et son ministre du budget ont ce matin mis en place un embargo sur les comptes bancaires et les cartes de crédit du gouvernement catalan. Officiellement pour empêcher l’achat de matériel organisant le référendum. De fait, l’autonomie économique de la Catalogne est suspendue jusqu’à nouvel ordre.
Lors d’une conférence de presse ce matin, Luis de Guindos, le ministre de l’économie, relaie la bonne humeur du gouvernement espagnol. Soit le référendum n’aura pas lieu, soit ça sera dans des boites en carton au milieu de la rue, sans aucune garantie ni légitimité. C’est un fait, le référendum ne pourra pas se dérouler comme un dimanche électoral normal. Il n’offrira aucune garantie légale. Cependant 3 millions de personnes, selon les derniers sondages, souhaitent venir voter le 1er octobre. L’Espagne n’a pas d’autre réponse que de renforcer la présence de sa police : 1500 agents venus de Valence et Saragosse seront présents d’ici le 1er octobre pour assurer la sécurité en Catalogne, une tâche pourtant réservée à la police catalane, les Mossos d’Esquadra, selon la Constitution. Le gouvernement espagnol explique qu’il craint des violences le jour du vote, ou du non-vote.
Pourtant, depuis 2012, le mouvement indépendantiste a toujours été pacifique. Des centaines de milliers de personnes dans les rues, pas une vitre brisée. Que le référendum ait lieu ou non le 1er octobre, la réponse de Madrid a tellement été en décalage avec la question catalane qu’il faudra des mois voire des années pour revenir à une situation de normalité. Le gouvernement de Mariano Rajoy ne propose aucune réponse politique à une situation qu’il ne peut pourtant plus ignorer. Empêcher le référendum, c’est casser le thermomètre. Et cela ne fera pas tomber la fièvre.