C’est une première dans l’Histoire de l’Espagne : le parlement de Catalogne a voté officiellement la convocation d’un référendum indépendantiste sans l’accord du gouvernement central.
« Le plus dur est fait » s’exclame un haut responsable indépendantiste après que le parlement, à majorité séparatiste, a voté la loi encadrant le référendum du 1er octobre. « C’est le jour de notre libération » renchérit un autre. Même si le gouvernement espagnol n’autorise pas ce référendum, et que la répression de l’État central va s’abattre sur le camp indépendantiste, la confiance est à son maximum. « C’est la guerre, ça sera eux ou nous » lance, martiale, une fervente indépendantiste dans les couloirs du parlement.
Après une journée marathon qui a commencé à 10h, la session plénière du parlement s’est achevée à 21h30 passées. Il faut dire que les rappels au règlement et interruptions de séances pour réunir le bureau du parlement ont considérablement ralenti les débats. La majorité indépendantiste s’est plainte de l’obstruction parlementaire de l’opposition. « Ça ne tiendrait qu’à moi, on aurait voté depuis des heures, mais l’opposition nous ralentit volontairement » s’impatientait en milieu d’après-midi un proche de l’ancien président Artur Mas.
Première victoire pour les députés indépendantistes
Ambiance de politique italienne au parlement catalan, oú le dèbat se confond souvent avec théatralité. Les débats furent âpre, la présidente de la chambre Carme Forcadell est, comme souvent, critiquée pour sa partialité: « Vous n’êtes plus la présidente de l’association indépendantiste ANC » lui a lancé le député centriste Carlos Carrizosa. Mi chèvre-mi choux, Podemos a essayé de modifier le texte de loi pour que le référendum soit simplement consultatif. Sans succès. Les partis indépendantistes veulent que le texte soit « engageant ». « Si le « oui » gagne et que le taux de participation est correct, le président Carles Puigdemont pourrait prononcer une déclaration d’indépendance dès le soir du 1er octobre » s´enthousiasme un responsable de presse d’une association indépendantiste, bon connaisseur du dossier.
Anna Gabriel, porte-parole de la Cup, extrême-gauche indépendantiste, aurait voulu aller encore plus loin et « pouvoir articuler dans le référendum tous les pays catalans » autrement dit récupérer la partie française de la Catalogne (le département des Pyrenées-Orientales), la région de Valence et les îles Baléares. De leur côté, les députés opposés au référendum (PSC, Ciutadans et PP) ont quitté leurs sièges au moment du vote, laissant l’hémicycle à moitié vide. Le PP, qui sort toujours les drapeaux au moment des votes polémiques, a cette fois laissé ses drapeaux sur ses sièges vides… enlevés quelques minutes plus tard par les députés de la CUP.
Le camp nationaliste semble faire fi des obstacles qui s’annoncent : suspension de la loi par le tribunal constitutionnel espagnol, possible révocation de la présidente Forcadell, inconnue juridique autour de l’application des lois censées déconnecter l’Espagne de la Catalogne.
L’événement n’est pas fini et va s’inscrire dans l’histoire de la Catalogne et de l’Espagne. Dans la soirée, le président Carles Puigdemont accompagné de l’intégralité du gouvernement va signer en grande pompe le décret de convocation du référendum et faire une déclaration institutionnelle.