Le parlement catalan veut proclamer l’indépendance dans un délai maximum de 17 jours après le référendum du 1er octobre. L’Espagne n’est pas d’accord. La collision politique devient inévitable.
Le marathon indépendantiste, commencé en 2012, devrait passer par une étape décisive autour de la mi-octobre. La majorité séparatiste au parlement de Catalogne a levé une partie du voile sur la suite des événements suivant le référendum du 1er octobre non autorisé par l’Espagne. En cas de victoire du oui à la question « voulez-vous que la Catalogne devienne un état indépendant? » et sans chiffre de participation minimum requis, le parlement déclarera unilatéralement (sans l’accord de l’Espagne) l’indépendance dans un délai de 16 jours soit le 17 octobre au plus tard.
Les députés indépendantistes ont expliqué la chronologie : il faut 14 jours pour que le résultat officiel du vote soit proclamé en cas de contentieux électoral. Une fois cette période écoulée, l’indépendance sera purement et simplement prononcée dans un délai de 48h. Au niveau de l’accès au vote, c’est officiel : seuls les Catalans ayant eu le droit de vote lors des précédentes élections autonomes pourront participer. De facto les Français de Barcelone sont exclus du scrutin.
Pas de taux de participation minimum
Le point notable de cette nouvelle annonce est que le parlement souhaite proclamer la déconnexion, sans un minimum de participation lors du référendum. Le vote n’étant pas autorisé par l’Espagne, beaucoup de supporters du non pourraient ne pas se déplacer aux urnes jugeant le référendum peu crédible. Le fait d’affirmer que dans tous les cas, le parlement agira en fonction du vote, indépendance immédiate si le oui gagne ou élections régionales si c’est le non, peut être susceptible de mobiliser l’électeur récalcitrant.
En cas de déclaration d’indépendance par le parlement, la Catalogne ne sera pas dans les faits détachée de l’Espagne puisque celle-ci ne reconnait pas la légalité du référendum. Le but de l’exécutif catalan semble être un jusqu’au-boutisme pour pousser l’Espagne dans ses retranchements, en espérant que l’Europe intervienne pour délier ce sac de nœuds. Un pari extrêmement risqué pour la Catalogne, quand on sait que l’Etat espagnol est protégé par le noyau dur de l’Europe : La France et l’Allemagne.
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Cette fois-ci, le gouvernement conservateur espagnol de Mariano Rajoy va devoir la jouer fine, car après le choc du Brexit et le conflit larvé avec l’Amérique de Trump, l’Europe demande de la stabilité et ne veut pas d’une crise géo-politique au sein de ses frontières.
Tensions au gouvernement catalan
Le gouvernement espagnol dispose d’une batteries de mesure qui va transformer le marathon catalan en parcours du combattant. Possibilité de poursuivre pénalement les fonctionnaires catalans participant à l’organisation du vote, amendes records et peines de prison pour les dirigeants du gouvernement de Catalogne qui signeraient le décret de convocation du référendum.
Une tactique qui semble déjà porter des fruits. Hier le président Puigdemont a été obligé, en catastrophe de démettre de ses fonctions le ministre des entreprises après que celui-ci ait avoué dans une interview que les pressions de l’Espagne étaient trop fortes pour faire un référendum. Il se dit que d’autres ministres en coulisse craindraient des sanctions de l’État espagnol. Par ce geste de fermeté, le président Puigdemont met la pression à son gouvernement et fait comprendre à tous qu’il ira jusqu’au bout.
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Ce soir à 19h30, les indépendantistes organisent une grande-messe de soutien au référendum en convoquant leur supporters au Théâtre National de Catalogne. D’autres annonces chocs devraient être faites. Au milieu de ce marathon aux obstacles de plus en plus élevés, c’est une pause de ravitaillement que s’offre le gouvernement catalan.
BONUS – L’intégralité du projet de loi encadrant le référendum catalan :
Llei del referéndum by Josep M. Calvet Francesch