Les indépendantistes veulent gagner la bataille du discours dans la guerre qu’ils mènent contre le gouvernement espagnol. L’association séparatiste ANC a sorti un document de travail afin d’inciter les militants à utiliser un vocabulaire plus positif. Décryptage.
Le séparatisme catalan est victime d’un double plafond de verre : la difficulté de dépasser le seuil des 50% de votants favorables à l’indépendance lors des élections régionales comme celles de septembre 2015, et celle de réussir à motiver le camp du « non » afin d’avoir une participation offrant crédibilité au concept du référendum non autorisé par l’Espagne comme celui qui est prévu le 1er octobre prochain.
Afin d’élargir leur base électorale, les indépendantiste veulent améliorer leur image, notamment au niveau de la communication verbale. L’association Assemblea Nacional Catalana (ANC) invite ses militants à adopter un vocabulaire plus positif selon un document de travail établi par une équipe de psychologues et que se sont procuré nos confrères de la Vanguardia.
Le terme « séparatisme » selon le document de l’ANC est à proscrire, il doit être remplacé par « divorce à l’amiable ». Les psychologues de l’ANC invitent à appuyer la notion de maturité du peuple catalan. Au lieu de « rupture » ou de « séparation » ils évoquent le terme « d’émancipation ». En substance « nous sommes grands, adultes et responsables ».
Un combat pacifique
Le mot « désobéissance » doit être effacé car il masque le côté pacifique du processus indépendantiste. Un vocable que le parti d’extrême-gauche La CUP a réussi à imposer dans le débat public et repris par le gouvernement catalan mais qui peut effrayer l’électeur centriste et modéré. A la place, l’équipe de psychologues penche pour « obéir aux ordres des citoyens de Catalogne ».
Le texte invite l’indépendantiste à « faire siens » un certain nombre de mots associés aux valeurs qui sont censées représenter le mouvement : « respect, droit à décider, droit à l’auto-détermination, tolérance. plurilinguisme, libération, démocratie ». L’ANC demande aussi de toujours parler au futur et jamais au conditionnel, comme par exemple avec la formule « quand nous serons libres » au lieu de « si nous étions libres ».
Enfin comment qualifier les opposants? Jusqu’ici les électeurs des partis contraires au processus indépendantiste étaient qualifiés « d’unionistes« . Un vocable à connotation trop positive qu’il vaudrait mieux remplacer par « immobilistes » ou « dépendants » selon l’ANC. Dans le nouveau vocabulaire des indépendantistes, on ne parlera toujours pas de l’Espagne et le terme officiel restera l' »Etat Espagnol » afin d’appliquer la théorie que l’Espagne n’existe pas en tant que telle et qu’elle ne se résume qu’à un « magma administratif à tendance colonisatrice ». Pas sûr toutefois que ces nouveaux éléments de langage parviennent à convaincre les indécis.