Législatives – Avec le système espagnol, le Front National aurait 80 députés

L’application de la proportionnelle : le débat revient en France tel un serpent de mer à chaque législatives. En Espagne, ce système de représentation à la proportion du nombre de votes est en place depuis 1980. Si on l’appliquait en France, les résultats seraient bien différents, avec une perte de majorité pour En Marche et l’irruption du FN.

Dans nos démocraties deux systèmes pour élire les députés sont en vigueur. Celui qui est le plus utilisé en Europe est le mode de scrutin à la proportionnelle. Globalement, si un parti fait 20% des voix, il rafle 20% des sièges au Parlement. C’est le cas en Espagne. L’autre mode de désignation est le scrutin majoritaire à deux tours utilisé en France. Il faut réunir au moins 50% des votes pour gagner son siège. Avec ce système, 20% des voix au premier tour peut se traduire par zéro siège si les impétrants ne dépassent pas les 50% au second tour, le fameux plafond de verre.

Si l’élection législative française d’hier se déroulait selon le schéma espagnol, les résultats seraient tout autre. En Marche n’aurait pas la majorité absolue. Loin des 400 sièges qui lui sont promis, le parti d’Emmanuel Macron devrait se contenter de 197 élus. Les républicains amélioreraient leur représentation avec 132 sièges. Les grands gagnants seraient les extrêmes: le Front National et la France Insoumise auraient chacun plus de 80 sièges.  Aujourd’hui, le FN ne devrait avoir que deux ou trois élus et les insoumis une petite dizaine.

parlement

calculs de France Info

Un système qui provoque l’instabilité

Si ce mode électoral paraît plus juste, tous les partis étant représentés, il n’en demeure pas moins instable. En Espagne, il est rare d’obtenir une majorité absolue. Du fait de l’éclatement électoral et du non-accord trouvé entre les partis, il avait fallu revoter aux législatives en juin 2016. L’élection de décembre 2015 n’avait pas permis de trouver une majorité pour permettre au président Rajoy de gouverner.

Malgré de nouvelles élections, l’instabilité reste de mise en Espagne, où pour faire adopter le budget de la nation, Mariano Rajoy a du rassembler un attelage insolite composé de son parti conservateur, des centristes de Ciudadanos, des nationalistes basques, des nationalistes des îles Canaries et d’un dissident socialiste.

Les supporters du système majoritaire français font planer la menace de cette instabilité pour ne pas changer le mode de scrutin. Emmanuel Macron a promis d’instaurer une dose de proportionnelle pour les législatives de 2022. Une promesse faite en son temps par les présidents François Hollande et Nicolas Sarkozy et jamais tenue.

Note de la rédaction : Bien entendu, le comportement des électeurs peut différer selon le mode de scrutin retenu. De plus, des particularités locales en Espagne comme une correction de la proportionnelle, connue sous le nom de la loi d’Hondt et un découpage différent des circonscriptions pourrait à la marge provoquer un nombre de sièges différents à ce qu’Equinox cite dans cet article.  Mais le rapport de force entre les partis serait très proche de ce qui est annoncé ici.

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