La tactique du gouvernement espagnol pour empêcher le référendum catalan

Alors que le président de la Catalogne devrait annoncer dans les prochains jours la date du référendum indépendantiste, le gouvernement espagnol envisage une batterie de mesures pour empêcher sa tenue.

Le président de la Generalitat Carles Puigdemont a convoqué hier au siège du gouvernement tous les partis favorables à l’indépendance afin de livrer un message clair :« Nous ne donnons pas pour morte la voie du dialogue, mais nous envisageons de faire le référendum unilatéralement (sans l’accord de Madrid NDLR) ». Sauf que ce week-end le chef du gouvernement espagnol, le conservateur Mariano Rajoy, a déclaré qu’il « ne pouvait pas et ne voulait pas qu’un référendum indépendantiste ait lieu en Catalogne ». Il a été soutenu dans sa démarche hier par le chef de l’opposition, le socialiste Pedro Sanchez.


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Le référendum, qui devrait avoir lieu autour du 1er octobre, a donc toutes les chances d’être convoqué sans l’autorisation du gouvernement central. Celui-ci réfléchit déjà à toute une série de mesures visant à empêcher la tenue du vote. A Madrid, le 9 novembre 2014 est encore dans toutes les têtes. Le gouvernement de Catalogne avait réussi ce jour-là à organiser une consultation indépendantiste non autorisée. Trois ans plus tard, le mot d’ordre à Madrid est clair : hors de question que la Generalitat puisse à nouveau ressortir des urnes.

Suspension de l’autonomie

L’exécutif espagnol est prêt à prendre des mesures afin que le vote n’ait pas lieu, mais Madrid veut la jouer discrète sans avoir à prendre des mesures chocs qui placeraient les Catalans en position de victimes.

santamaria mai

« Le référendum d’indépendance en Catalogne est non négociable » indiquait hier la vice-présidente Sáenz de Santamaría

 

L’article 155 de la constitution espagnole qui permet de suspendre une autonomie par le gouvernement central est souvent cité pour empêcher la tenue d’un référendum. Cette mesure explosive, qui n’a jamais été utilisée dans l’histoire du pays, permet au gouvernement de Madrid de prendre le contrôle sur toutes les compétences de l’autonomie catalane : la police, les administrations, et même suspendre le parlement catalan. Une source proche du dossier à la Moncloa (siège du gouvernement espagnol) indique que la constitution permet de nuancer les choses. Le gouvernement peut choisir de ne suspendre l’autonomie que pour quelques heures. Un laps de temps qui suffirait à interdire physiquement ou administrativement l’organisation du référendum.


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De plus, le gouvernement dispose de toute une série de possibilités pour empêcher le vote, via l’action des tribunaux principalement. L’exécutif espagnol mise sur le fait que les ministres catalans auront peur des poursuites judiciaires suite à l’organisation illégale du référendum. La récente condamnation à une peine inéligibilité du président Mas pour avoir organisé le vote du 9 novembre de 2014 aurait servi de leçon. Par ailleurs, Madrid croit savoir que les fonctionnaires catalans ne voudront pas se mettre en porte-à-faux de peur d’éventuelles sanctions et ne participeront pas aux préparatifs du référendum.

Si le gouvernement catalan perd les batailles administratives et juridiques entourant la célébration du référendum, il espère gagner la guerre de l’opinion en tentant d’internationaliser l’affaire et obliger l’Europe à prendre position contre le gouvernement espagnol. Selon les derniers sondages, entre 70 et 80% de la population catalane souhaite que le référendum ait lieu.

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