Laurence Sailliet, candidate du parti Les Républicains dans la circonscription Espagne-Portugal-Andorre-Monaco, ne veut rencontrer aucun journaliste d’Equinox.
Il importe peu à la candidate de la droite et du centre d’expliquer aux lecteurs d’Equinox ses positions sur la double imposition des Français de Barcelone. Laurence Sailliet n’est pas très intéressée pour détailler face à notre public ses propositions sur l’obtention des bourses scolaires, ou encore donner ses solutions face au défi indépendantiste catalan.
Dans un courrier envoyé par mail à la rédaction d’Equinox, qui se veut une lettre ouverte diffusable au public, Laurence Sailliet nous explique pourquoi elle est la seule candidate à refuser une rencontre avec le média français de Barcelone.
« Dans un premier temps tu m’as sollicité pour établir le portrait des candidats et je t’ai répondu positivement. Nous devions nous rencontrer la semaine dernière. À la lecture des portraits déjà publiés j’ai fait le choix de ne pas te proposer de rendez-vous. »
Ainsi commence la missive de Laurence Sailliet. En effet, nous devions la rencontrer la semaine dernière. Entre-temps nous avons effectivement diffusé le portrait de la candidate En Marche, Samantha Cazebonne et celle de la socialiste Gabrielle Siry. Tout comme nous diffuserons avant la fin de la semaine les portraits du candidat Ensemble-France Insoumise François Ralle Andreoli, du divers droite Hubert Patural et de la frontiste Nathacha Barral.
Que diable s’est-il passé pour que Laurence Sailliet refuse d’un coup son portrait ? La suite de sa lettre nous l’apprend :
« Quel est l’objectif de ces écrits ? Critiquer et calomnier les adversaires pour que la lecture en soit plus attractive ? Faire parler d’anciens candidats pétris de haine et uniquement animés d’un esprit de revanche car eux-mêmes n’ont pas été retenus ? Faire parler d’anciens collaborateurs fictifs sans aucune vérification ? Et bien ceci ne m’intéresse pas car je pense que les Français attendent autre chose des responsables politiques, ce n’est pas ma vision de l’engagement politique. »
Dans un second mail envoyé dans la foulée nous apprendrons de la plume de Laurence Sailliet l’identité de ce mystérieux « anciens candidats pétris de haine et uniquement animés d’un esprit de revanche ».
« Je précise que lorsque je cite un ancien candidat déçu je parle bien de Pierre-Olivier Bousquet (que vous décrivez toujours comme ancien membre de mon équipe). Je ne parle pas d’Anne Petit qui elle a simplement et librement témoigné de son expérience. »
Pour les non-initiés, Pierre-Olivier Bousquet est un conseiller consulaire UDI qui était dans l’équipe de campagne de Laurence Sailliet en 2012, et est actuellement le mandataire financier de la candidate d’En Marche.
Effectivement, les portraits d’Equinox ne font pas dans la flagornerie. Pour bien comprendre le fond et l’essence d’une candidature, quelle qu’elle soit, il est intéressant d’y apporter des arguments contraires afin de permettre au candidat d’approfondir ses propositions et sortir de la langue de bois.
Ainsi, nous interrogeons la candidate d’En Marche en insistant sur son déficit de notoriété, la candidate socialiste en faisant ressortir le faible score de Hamon sur la circonscription ou le candidat de la France insoumise sur une supposée image d’extrême gauche. Le point faible de Laurence Sailliet soulevé par Pierre Olivier Bousquet est le supposé manque d’implication de Laurence Sailliet sur le terrain.
Crime de lèse-majesté, la candidate LR boycottera donc son propre portrait sur Equinox.
Cependant la lettre de Laurence Sailliet ne s’arrête pas ici, la candidate poursuit :
« Nous n’en sommes pas à nos premiers désaccords puisque j’avais déjà été troublée par ton courrier me demandant de solliciter des financements publics en pleine campagne électorale. »
Le trouble de Laurence Sailliet vient d’une demande de subvention qu’Equinox a fait parvenir aux sénateurs des Français de l’étranger. Equinox est un média catalan en langue française et ne peut recevoir l’aide à la presse française (contrairement à l’ensemble de ses confrères hexagonaux) ne disposant pas d’un siège fiscal sur le territoire national. Pour résoudre ce « flou » juridique, une majorité des parlementaires des Français de l’étranger de divers partis (PS, LR, divers droite) ont facilité à Equinox des subventions issues de la réserve parlementaire. Ces subventions sont publiques et transparentes, et facilement consultables sur les sites de l’Assemblée nationale et du Sénat. Dans les territoires des Français de l’étranger, il est de tradition d’informer les élus locaux ou les responsables des partis afin qu’ils valident les subventions publiques dans le but d’éviter les demandes fantaisistes. Rien donc que de très normal dans le cas d’Equinox.
Majoritairement, les budgets d’Equinox viennent d’annonceurs privés qui souhaitent diffuser leurs annonces sur le seul média francophone de Barcelone. S’ajoutent des subventions de la Catalogne, de la Province de Barcelone et enfin des subventions françaises. Les sommes de ces dernières sont intégralement reversées afin de suivre les campagnes législatives, présidentielles, consulaires et europèennes des Français de Barcelone. D’ailleurs les réserves parlementaires ne sont pas un financement régulier mais aléatoire, au point que cette année, les subventions accordées à Equinox ont été quasiment inexistantes, ce qui a empêché notre média d’organiser les grands débats entre les candidats de ces législatives prévus pour les 2 tours. Résultat : notre circonscription sera l’une des rares de la République à ne pas bénéficier de tels débats, la plupart étant organisés par la chaîne de service public France 3.
Il n’y a pas de média de service public à Barcelone. Equinox est un média privé. Grace aux subventions de la République française, Equinox peut assurer un service public et citoyen à Barcelone, en informant les Français qui y résident de la politique française et des différentes initiatives les concernant.
Il n’y a ici aucune polémique sauf chez Laurence Sailliet qui en fait un casus beli. Nous le regrettons et aurions préféré faire un portrait de la candidate et de ses positions.
Face à cette situation ubuesque, nous souhaitions maintenir le portrait de Laurence Sailliet en interrogeant les membres de son équipe. Nous avons en ce sens contacté un de ses soutiens l’avocate barcelonaise Anne Petit. Celle-ci a d’abord accepté notre demande de rendez-vous avant de se rétracter rapidement avec un message lapidaire :
« Je viens de parler avec Laurence et elle m’a dit qu elle ne souhaitait pas que je témoigne. Elle va vous envoyer un mail. »
Dont acte, il n’y a donc pas de portrait de Laurence Sailliet sur Equinox. Nous en sommes désolés pour nos lecteurs. Cependant, nous lui laisserons les derniers mots de cet article, avec un dernier extrait de sa lettre ouverte :
« Chacun se fera son opinion c’est mon travail sur le terrain depuis toutes ces années qui compte. Les critiques des jaloux ne m’intéressent pas et ne grandissent ni ceux qui les profèrent ni ceux qui les diffusent. J’ai tous les éléments en ma possession pour contrer ces attaques et expliquer le contexte si cela était nécessaire. »