À Barcelone, nombreuses sont les soirées et nombreux sont ceux qui veulent leur place derrière les platines. Barcelone est-elle la ville idéale pour les DJs français ? L’offre est dense, il faut être prêt à se démarquer… Et à accepter parfois de toucher un maigre cachet.
Barcelone, capitale de la fête. Barcelone, destination européenne préférée pour des week-ends prolongés. Barcelone, la ville des festivals. La capitale catalane semble réunir tous les attraits pour accueillir à bras ouverts les jeunes DJs talentueux venus de toute l’Europe. Et ils sont beaucoup justement, à venir des quatre coins de l’Europe, et en particulier de France. Mais.. « le marché est conditionné par la règle inébranlable de l’offre et de la demande » constate Olivier, jeune trentenaire venu s’installer à Barcelone il y a 5 ans.
« Avec les écoles de DJs qui sont nombreuses à Barcelone, c’est environ 60 DJs plus ou moins bien formés qui arrivent sur le marché chaque année rien qu’à Barcelone, ajoutez à cela les DJs qui arrivent du reste de l’Espagne ou de l’étranger. En résumé beaucoup, beaucoup de DJs pour un nombre de places potentielles en légère évolution, mais insuffisant », poursuit-il. Les festivals? « Les places pour les DJs sont chères, les sociétés de production ne peuvent pas vraiment laisser place à l’amateurisme ou au copinage, il faut vendre des tickets et les têtes d’affiches sont inévitables pour attirer les festivaliers » répond, lucide, le jeune DJ.
Peut-on vraiment percer et finir par vivre de son art à Barcelone? Quatre Parisiens venus mixer dans une petite salle d’une des plus grandes discothèques underground de Barcelone ont vite déchanté. Après avoir passé la nuit à mettre le feu aux platines, ils ont été payé seulement 80 euros… Un cachet à diviser par quatre.
Pour Rudy, développeur commercial à Barcelone et DJ le week-end, difficile de vivre avec de telles rémunérations. D’après lui, une prestation est payée environ 100 euros pour deux heures mais tout dépend du club. Rudy est depuis trois ans résident d’une soirée disco où il joue en moyenne deux fois par mois. Pour lui, être DJ c’est une passion : « je mixe pour des bars et des boîtes de nuit mais je n’en vis pas, ça me fait juste plaisir ».
« Beaucoup de DJs qui veulent percer »
Pour Ramon Mas, secrétaire général de l’Association des Discothèques de Barcelone, c’est la notoriété du DJ qui lui permettra de vivre de sa passion. Gérant de la mythique boîte de nuit BeCool pendant dix ans, Ramon a su attirer les meilleurs noms de la scène électronique à Barcelone : Nicolas Jaar, Todd Terje, Nina Kravitz ou encore Ben Klock.
Il explique à Equinox que les jeunes DJs français à Barcelone peuvent être payés 150 à 200 euros la nuit mais que les résidents qui mixent tous les week-ends dans le même club peuvent toucher jusqu’à 1800 euros par mois. « Tout dépend de la capacité de la boîte de nuit, au Razzmatazz il y a 2500 places donc un DJ sera certainement mieux payé que dans un petit club de 300 places ».
D’après Ramon, les DJs français se rendent à Barcelone pour son ambiance festive et sa large offre d’établissements nocturnes : « au BeCool, je recevais beaucoup de demandes de DJs qui voulaient percer ». Encore la fameuse loi de l’offre et de la demande.
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Contacté par Equinox, Pere Marti qui est en charge des réservations d’artistes pour les événements au Razzmatazz, n’a pas souhaité répondre aux questions concernant les tarifs des prestation dans son club, précisant simplement : « nous bookons un DJ invité chaque soir dans chacune des cinq salles du Razz, ils viennent de tous les pays. »
Payés en boissons
La forte offre de jeunes artistes pousse certains gérants d’établissement à proposer des consommations gratuites au DJ en échange de sa prestation. « Cela peut rendre service aux jeunes qui débutent, quoiqu’ils méritent selon moi une rémunération, explique Olivier, mais comme certains patrons d’établissements en abusent, automatiquement cela nivelle le tarif moyen vers le bas. » La rémunération en boissons n’est toutefois pas la règle. D’après les différents DJs rencontrés par notre rédaction, la fourchette moyenne se situe à Barcelone entre 50 et 150 euros pour 1 à 2 heures de set, et entre 150 et 250 euros pour 2 à 4 heures.
Pour pouvoir en vivre, le DJ doit passer tout son temps hors platines à travailler son réseau de contacts et à soigner son image sur Internet et sur les réseaux sociaux. « Un DJ qui se concentre uniquement sur Barcelone et qui travaille dans des clubs et des bars, mais aussi en prestations privées comme les anniversaires, les mariages, les événements d’entreprise, peut finir par en vivre », estime Olivier.
Et puis, bien sûr, il y a le talent, le travail acharné, les bonnes rencontres, qui fabriquent des DJs internationaux qui finissent par gagner des dizaines de milliers d’euros par sets. « En 2007, j’ai payé un DJ 1000 euros, il mixe maintenant à Ibiza pour des milliers d’euros » se souvient avec une certaine fierté l’ancien directeur du BeCool. Un rêve qui continuera de pousser des générations de DJs à venir tenter leur chance dans la capitale catalane.