6 décembre : tous les ans à cette date l’Espagne célèbre le jour de sa constitution. Presque toute l’Espagne, car en Catalogne une partie des indépendantistes refuse de reconnaître la constitution espagnole et demande à travailler. Des mairies sont d’ailleurs ouvertes en ce jour chômé. Explications.
6 décembre 1978, trois ans après la fin de la dictature du général Franco, le peuple espagnol était appelé aux urnes pour ratifier par référendum sa constitution démocratique. Depuis lors, chaque 6 décembre est un jour férié. Les indépendantistes catalans, qui ne se considèrent pas en Espagne mais en « Catalogne territoire occupé par l’Etat espagnol », rejettent le caractère férié de cette journée. Cette année des mairies indépendantistes ouvriront leurs portes au public. Geste symbolique, mais illégal, qui a pour but une nouvelle fois de défier l’État espagnol.
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L’association qui regroupe les municipalités indépendantistes (la AMI) demande aux mairie de participer à un large mouvement visant à ne pas reconnaître la constitution espagnole. L’AMI estime que plus de 300 communes catalane, sur un total de 947, se joindront aujourd’hui à cette opération coup de poing. La plupart de ces 300 mairies, majoritairement gouvernées par la gauche indépendantiste ERC, les anti-capitalistes de La Cup et PDEcat, le parti d’Artur Mas, n’iront pas jusqu’à franchir le pas d’ouvrir au public mais liront publiquement devant chaque hôtel de ville un manifeste indépendantiste. Des villes importantes comme Badalona, Sabadell, Terrassa dans la banlieue de Barcelone sont en première ligne. Les villes plus éloignées de la capitale comme Gérone, Reus, Manresa ou Vilanova i la Geltrú sont également concernéee. Dans une trentaine de communes, les portes de la mairie seront ouvertes au public mais tous les services ne seront pas disponibles.
Des actes lourds de symboles
L’AMI souhaite convertir ce 6 décembre en une nouvelle journée de protestation contre les poursuites judiciaires du gouvernement espagnol qui s’abattent sur des élus indépendantistes pour divers motifs (organisation de référendums indépendantistes, refus d’accrocher le drapeau espagnol sur des bâtiments officiels par exemple).
Si les fonctionnaires ne sont pas obligés de venir travailler, dans certaines communes (principalement dirigées par l’extrême gauche de la CUP) les agents municipaux ont été fortement incités à se rendre sur leur lieu de travail.
Les fiefs indépendantistes de Berga, Sant Martí Sarroca ou Celrà ont réussi à motiver leurs équipes. Ces trois mairies sont les seules qui offriront des services aux habitants de la ville comme n’importe quel autre jour travaillé. Les équipes de Celrà auront d’ailleurs du pain sur la planche. La mairie dirigée par la Cup a décidé en ce 6 décembre de débaptiser la Place de la Constitution pour lui donner le nom de la poétesse Maria Mercè Marçal.
A Barcelone, en revanche ce sera plus tranquille. La mairie de l’indignée Ada Colau restera fermée. Et les conseillers municipaux socialistes, centristes et de droite se rendront aux célébrations officielles espagnoles honorant la constitution.