François Fillon devient le candidat de la droite et du centre à l’élection présidentielle française de mai 2017. En Espagne, les idées du nouveau champion de la droite ont déjà été appliquées par Mariano Rajoy et le Partido Popular (droite) depuis 2012.
Durant l’entre deux-tours de la primaire de la droite et du centre, le programme de François Fillon a été scruté, analysé, critiqué. Libéral, radical, thatchérien, ce projet reçoit des qualificatifs cherchant à lui donner une orientation. Depuis un point de vue espagnol, François Fillon s’inscrit dans la mouvance du Parti Populaire (PP) actuellement au pouvoir avec Mariano Rajoy à la tête du gouvernement depuis 5 ans. De nombreuses mesures sont déjà mises en place en Espagne.
Les retraites
Sujet polémique partout en Europe. François Fillon projette de porter l’âge de la retraite à 65 ans. Un débat déjà dépassé en Espagne puisque l’âge légal du départ à la retraite, déjà fixé à 65 ans en 2013, augmente d’un mois par an jusqu’en 2018 puis de 2 mois par an à partir de 2019. La loi prévoit qu’à partir de 2027 l’âge de la retraite sera porté à 67 ans (ou à 65 ans pour ceux qui auront cotisé 38,5 ans). Ce qui n’empêche pas le système des retraites espagnoles d’être en crise, les experts estimant que le montant des pensions allouées pourrait baisser de 40% dans les prochaines décennies.
L’emploi
En matière de lutte contre le chômage, François Fillon ressort de l’éternel concept de « flexi-sécurité » annoncé en grande pompe par la droite à chaque campagne électorale depuis 2012 et finalement jamais mis en place. Le concept est de faciliter les licenciements (flexibilité pour l’entreprise qui peut ajuster son personnel selon ses besoins) avec une garantie contractuelle plutôt floue pour les salariés (la sécurité). Des mesures chocs qui ont été mises en place par le gouvernement de Mariano Rajoy en 2012 lors des années de plomb de la crise économique. Des licenciements qui coûtent moins chers aux entreprises avec une indemnité passant de 45 à 33 jours par année travaillée. A noter que cette mesure a également été votée par la droite catalane indépendantiste lorsqu’Artur Mas était président de la Catalogne.
Pour les demandeurs d’emploi, François Fillon souhaite plafonner les allocations chômage à 75% et les rendre dégressives. Un concept qui est en place en Espagne depuis 2002. A peine arrivé au pouvoir Mariano Rajoy rendait dégressives les allocations chômages, avec une baisse de 20% à partir du sixième mois perçu. Au niveau de la durée légale du temps de travail, François Fillon souhaite revenir aux 39 heures, un débat qui n’existe pas en Espagne, le temps de travail est toujours resté fixé à 40 heures hebdomadaires.
La sécurité
François Fillon fait de la lutte contre la délinquance un axe majeur de son programme. Il souhaite injecter 12 milliards d’euros de plus pour renforcer les moyens de police, de défense et de justice, notamment avec la création de 16 000 places de prison. Mariano Rajoy de son côté a fait voter en 2015 la très controversée loi de sécurité intérieure « ley mordaza – loi muselière » pour ses détracteurs, qui interdit toute manifestation devant le parlement, interdit de prendre les policiers en photo et a alourdi l’échelle des peines. C’est l’une des lois les plus dures d’Europe.
Le droit à l’avortement
Thème qui a secoué la primaire. François Fillon, pointé du doigt pour avoir déclaré que le droit à l’avortement ne serait pas mis en cause sous sa présidence, mais qu’à titre personnel, en raison de sa foi, il n’y était pas favorable. Une polémique qui est plutôt rare en France. En Espagne, en raison de milieux catholiques peut-être plus influents, l’avortement enflamme régulièrement le débat public. Avant 2010, légalement, la pratique de l’avortement pouvait être punie d’une peine d’emprisonnement. Dans les faits, une peine qui n’était jamais prononcée. Le socialiste José-Luis Zapatero a radicalement réformé cette loi en 2010 en autorisant les avortements jusqu’à la 22e semaine de grossesse, et la possibilité pour les mineures de 16 ans de pratiquer l’IVG sans consentement parental. Manifestation monstre dans les rues de Madrid et Valencia, colère de l’église catholique, déclarations chocs de la droite alors dans l’opposition, laissant sous-entendre qu’elle était favorable au retour de la législation antérieure avec les peines de prison. Une fois arrivé au pouvoir, la droite a préparé un projet de loi beaucoup plus drastique, comme promis pendant la campagne. Mais Mariano Rajoy n’est finalement pas allé au bout et n’a pas touché à la loi de JL Zapatero, sauf concernant les mineurs.
Le mariage homosexuel
Grand opposant du texte sur le mariage pour tous lors de son vote, François Fillon a annoncé qu’il n’abolirait pas la loi. En revanche. il rendra le droit plus contraignant en ce qui concerne l’adoption par les couples homosexuels. Mariano Rajoy avait fait campagne en disant qu’il abolirait la loi sur le mariage homosexuel voté par le socialiste Jose-Luis Zapatero en 2005. L’Espagne fut un des pays européens précurseurs dans ce domaine. Mariano Rajoy arrivant au pouvoir ne donna aucune suite à sa promesse électorale, et la loi Zapatero de 2005 ne fut jamais modifiée.