A Barcelone, deux écoles françaises permettent aux enfants d’expatriés de continuer l’apprentissage de leur langue maternelle. L’école Ferdinand de Lesseps (jusqu’au CM2) et le lycée Français sont homologués par l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Étranger (AEFE) et bénéficient d’une grande renommée. C’est pourquoi y obtenir une place peut se convertir en vrai parcours du combattant et valoir très cher.
Mis à jour le 11/11/2016 – Photos : C. Dogon/Equinox
« Pour nous c’était tout tracé, les filles allaient à l’école française et basta » lance Isabelle. Cette mère de deux jumelles de sept ans s’est installée à Barcelone en juin dernier. Avec son mari ils ont voulu inscrire leurs filles à Ferdinand de Lesseps. « Elles ne parlaient pas espagnol ni catalan alors c’était pour faciliter leur intégration, ne pas les mettre en difficulté. » Mais à Barcelone, les écoles françaises sont pleines et il est souvent très difficile d’y scolariser son enfant. Les Français arrivant dans la ville sont prioritaires pour les inscriptions mais ce n’est pas toujours suffisant. Les filles d’Isabelle sont restées en liste d’attente et les parents ont dû se tourner vers une école catalane. « Les filles doivent travailler la langue car elles ne comprennent pas tout mais ça se passe très bien, elles arrivent à se faire des amis et vont aux goûters d’anniversaire. En plus cette école leur permet d’apprendre l’espagnol, le catalan et l’anglais » se félicite Isabelle.
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Mathilde, elle, vit à Barcelone depuis neuf ans et a dû renoncer à mettre ses deux filles à l’école française pour des raisons financières. « Avec mon conjoint nous avons une situation professionnelle confortable par rapport aux salaires moyens espagnols mais payer 600 euros par mois par enfants pour l’école ce n’est pas possible » rapporte-elle déçue. « Et puis pour le suivi des devoirs on doit se débrouiller car on comprend le catalan mais on ne le parle pas » ajoute la revendeuse en informatique.
Un enseignement coûteux
Les écoles françaises à l’étranger sont en grande partie payées par le gouvernement et les impôts des résidents en France. L’an dernier, le budget de l’AEFE s’élevait à 1,1 milliard d’euros, dont une subvention de 492 millions d’euros accordée par l’Etat selon un rapport de la Cour des Comptes paru en octobre dernier. Les parents doivent toutefois payer la différence, soit les 55% restants. Les frais de scolarité peuvent ainsi s’élever à près de 4 000€ l’année à Ferdinand de Lesseps et à 5 700€ au Lycée français de Barcelone pour un élève en terminale.
Jusqu’en 2012, un système de prise en charge des frais de scolarité pour les lycéens français (PEC) et un système de bourses coexistaient et permettaient aux parents de classe moyenne de ne presque rien débourser pour inscrire leur enfant dans un établissement de l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger. Depuis 2013 le système a été réformé et la PEC a été supprimée. « Les frais de scolarité augmentent en partie à cause de la diminution de la prise en charge de l’État mais il faut rappeler qu’on est le seul pays au monde à donner de l’argent pour qu’on mette nos enfants dans des écoles françaises » rappelle un conseiller consulaire à Barcelone.
Seulement 17% des enfants français ont une bourse en Catalogne
Tous les établissements AEFE sont éligibles aux bourses. En Catalogne-Aragon-Baléares, pour l’année scolaire 2015-2016, 2,8 millions d’euros de bourses ont été attribués pour un total de 694 enfants. Cela correspond à environ 17% des élèves français. « Répond-on à l’attente des Français alors que seuls 20 % des enfants français à l’étranger sont scolarisés dans les écoles françaises et que, parmi eux, seuls 25 % ont des bourses, soit 7 à 8 % des enfants au total? » s’interrogeait de manière générale le sénateur UDI Olivier Cadic dans un article des Echos.
Les non-scolarisations pour raisons financières sont difficiles à évaluer indique le rapport de la Cour des Comptes. Certains observateurs estiment que la suppression de la prise en charge et la réforme du système des bourses ont eu comme conséquence des déscolarisations pour des raisons financières ou a minima une non sollicitation de bourses. La Cour des Comptes souligne cependant que la non-scolarisation dans un établissement français n’entraîne pas de fait une déscolarisation.
Les plans B
Il n’y a toutefois pas que dans les établissements de l’Agence pour l’Enseignement Français qu’il est possible d’étudier en français. A Barcelone, certains lycées locaux permettent de passer le Bachibac, un double diplôme reconnu du baccalauréat en français et espagnol, avec 30% du volume horaire des cours en français.
Depuis 2001, il existe aussi le dispositif Flam (Français Langue Maternelle) dont l’objectif est d’apporter un soutien à des initiatives extrascolaires et périscolaires visant à favoriser la pratique de la langue française chez des enfants scolarisés dans une autre langue que le français.
Il est aussi possible de suivre les cours du Centre national d’enseignement à distance (CNED) ou de faire appel à un professeur particulier.