Mariano Rajoy tente de mettre fin à 300 jours sans gouvernement en Espagne

Le Parlement débat cette semaine sur la candidature du conservateur Mariano Rajoy pour continuer de présider le gouvernement espagnol. Cela fait plus de 300 jours que l’Espagne n’a plus de gouvernement officiel.

« Nous avons réussi à additionner 170 sièges, mais cela ne suffit pas » c’est par cette phrase que Mariano Rajoy a célébré dimanche l’alliance entre son mouvement conservateur, le parti populaire (PP) et les centristes de Ciudadanos (CS).  Le leader conservateur a besoin de six voix supplémentaires pour demeurer chef du gouvernement mais, à moins d’un coup de théâtre de dernière minute, il n’a aucune chance de les obtenir cette semaine. Mariano Rajoy se heurte toujours au non catégorique du Parti socialiste.

Pourquoi le Parlement espagnol ne vote-il que cette semaine pour choisir un chef du gouvernement, alors que les élections ont eu lieu le 26 juin dernier ?

Le système espagnol est très lent car il s’agit d’un schéma parlementaire. Les groupes parlementaires ont entamé de longues négociations pour tenter d’élire un président. Depuis les élections du 20 décembre 2015, comme aucun parti politique ne dispose de la majorité absolue, les négociations se sont éternisées, d’où un délai extrêmement long.

Pourquoi l’Espagne n’a-t-elle plus de gouvernement depuis 302 jours ?

L’élection législative du 20 décembre 2015 a débouché sur un cul-de-sac. Le parlement fortement éclaté entre la droite, la gauche, les centristes et l’extrême gauche n’a pu trouver de majorité pour investir un président. Comme le prévoit la constitution espagnole, en cas de non-accord, une nouvelle élection est organisée. Ce fut le cas le 26 juin dernier. Bien que le Partido Popular soit arrivé en tête et ait augmenté son nombre d’élus lors de cette nouvelle élection, son nombre de députés (137) reste insuffisant pour avoir la majorité absolue (176).


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Seuls les 32 députés centristes de Cs et celui de Coalición Canaria vont cette semaine voter en faveur de Mariano Rajoy. Pour être élu, le conservateur a besoin de l’abstention du groupe socialiste, ce que refuse catégoriquement son leader Pedro Sanchez. En attendant, c’est Mariano Rajoy et ses ministres qui forment un « gouvernement par intérim » qui ne gère depuis 300 jours que les affaires courantes. Il ne peut présenter ni loi, ni budget.

Concrètement que va-t-il se passer ? 

Ce mardi 30 août à 16h, Mariano Rajoy présentera son discours de candidat devant le Parlement. Demain mercredi 31 août, tous les présidents des groupes parlementaires vont lui répondre lors d’une journée marathon. À la fin de la journée (vers 23 heures), les députés voteront pour ou contre l’investiture. Pour être élu président du gouvernement, Mariano Rajoy devra recevoir une majorité absolue de votes en sa faveur.

Dans le cas contraire, il y aura une seconde journée de débat vendredi 2 septembre, avec un deuxième tour, où cette fois-ci une majorité simple de votes en sa faveur (plus de oui que de non) suffira à le faire élire.

Pourquoi parle-t-on d’une troisième élection le jour de Noël ?

Le parlement espagnol, selon la constitution, a jusqu’à fin octobre pour investir un président. Dans le cas contraire, une nouvelle élection législative doit être organisée. Selon le calendrier officiel, la date se calcule à partir du premier jour de l’investiture. Mariano Rajoy ayant choisit le 30 août comme date d’investiture, la troisième législative tomberait le jour de Noël, le 25 décembre. Le Partido Popular a volontairement choisi cette date pour mettre la pression sur les socialistes. « Si vous n’aidez pas Mariano Rajoy a être investi président, vous envoyez le peuple espagnol voter un jour de Noël », c’est le message qu’ont reçu les socialistes de la part des conservateurs.

Pour ne pas en arriver à cette extrémité , le chef du gouvernement  pourrait à nouveau se porter candidat après les élections régionales en Galice et au Pays basque du 25 septembre prochain. Mariano Rajoy espère une victoire de son parti à ces scrutins pour mettre encore plus de pression sur les socialistes et les pousser à permettre son investiture.

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