Les Espagnols sont appelés aux urnes ce dimanche pour des élections générales décisives. Après l’échec du scrutin de décembre 2015, et en crise politique plus que jamais, l’Espagne va choisir ses députés qui formeront le nouveau parlement et voteront donc pour le prochain gouvernement. Une percée historique de la gauche radicale de Podemos est attendue.
Alors que l’Europe est frappée de plein fouet par le Brexit, c’est au tour de l’Espagne d’afficher un scrutin brûlant. En quelque sorte, une élection de la dernière chance pour répondre aux crises politiques espagnoles. Après l’échec du scrutin du 20 décembre 2015, où le parlement fragmenté n’a pu trouver de majorité, l’Espagne n’a plus de gouvernement depuis plus de six mois. Cette élection est un nouvel espoir pour tenter de dégager une majorité qui devra trouver une solution rapide au défi indépendantiste catalan et aux multiples affaires de corruption qui ravagent la classe politique espagnole. Podemos, cette gauche radicale issue de la rue et du mouvement des Indignés, s’apprête si l’on en croit les derniers sondages à dépasser le Parti socialiste espagnol.
Si les conservateurs et les socialistes se partagent alternativement le pouvoir depuis 1977, c’est la première fois dans l’histoire récente du pays que la gauche alternative dépasserait le PS. Ce serait un véritable tremblement de terre politique, avec les conservateurs de Mariano Rajoy qui essaieraient de garder le pouvoir coûte que coûte.
Une grande partie de l’establishement du Parti socialiste refuse tout accord avec Podemos. C’est le cas de la très puissante andalouse Susana Díaz, des anciens premiers ministres Felipe González et José Luis Zapatero. Considéré par cette partie du PS comme un mouvement populiste infréquentable, Podemos effraie d’autant plus que son leader Pablo Iglesias martèle que son programme prévoit la tenue d’un référendum indépendantiste en Catalogne : un véritable casus belli pour la vieille garde socialiste.
Alliances indispensables
Ce qui est sûr c’est que ce dimanche, ni les conservateurs du Partido Popular (PP), ni les socialistes, ni Podemos, ni les centristes de Ciudadanos (C’s) n’auront de majorité absolue pour former un gouvernement. Il faudra donc tenter de nouer des alliances. Et c’est là que le casse-tête espagnol recommence.
De précédentes législatives ont eu lieu il y a moins de six mois, le 20 décembre dernier. Le PP était arrivé en tête avec 123 sièges, suivi des socialistes avec 90, Podemos 69 et Ciudadanos 40. Ni le bloc de centre-droit, ni celui de gauche n’a été en mesure de former un gouvernement. Les centristes et les socialistes ont formé une alliance, mais Podemos et les conservateurs leur ont barré la route. Devant ce blocage, un nouveau scrutin est organisé aujourd’hui.
Fort de son alliance avec les néo-communistes d’Izquierda Unida, Podemos pourrait cette fois-ci dépasser les socialistes. Mais ce n’est pas pour autant qu’une majorité se dessinera. Podemos risque d’aspirer les voix socialistes et au final, comme lors des dernières élections, les blocs droite et gauche pourraient être à égalité.
Trois scénarios possibles
Trois chemins sont possibles à partir de ce soir. Celui qui est souhaité par les pays européens mais pas forcément par les Espagnols : l’impopulaire coalition gauche-droite avec les conservateurs du PP et les socialistes, éventuellement rejoints par les centristes de C’s.
Le scénario qui fait trembler les chancelleries européennes : l’arrivée de Podemos au pouvoir dans une coalition progressiste englobant les socialistes et les indépendantistes catalans. Un scénario à la grec qui jette un froid dans les secteurs boursiers et entrepreneuriaux.
Troisième voie, que le blocage politique et institutionnel perdure, qu’aucun gouvernement ne soit formé et qu’une troisième élection législative soit convoquée avant la fin de l’année.
Il est fort à parier que le vote contestataire du Brexit peut désormais motiver les électeurs de Podemos qui veulent lutter contre une Europe trop libérale. Une forte participation bénéficierait mécaniquement au parti de Pablo Iglesias et pénaliserait le PP, dont l’électorat se mobilise avec plus de constance, ainsi que le Parti socialiste, dans une moindre mesure.
Pour le moment comme depuis les six derniers mois, c’est le gouvernement de la droite de Mariano Rajoy qui reste en place, par intérim et uniquement pour gérer les affaires courantes.
Rendez-vous dimanche sur Equinox
Toute la rédaction d’Equinox est mobilisée dès 14h30 pour vous livrer chiffres de participation et premières analyses. Les premières estimations devraient être connues dès 20h (sondages de sortie des urnes).
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