Loi travail en France avec un parti socialiste au gouvernement sans majorité. Populisme de Podemos en Espagne. Quel est l’avenir des partis socialistes en Europe ?
La répétition électorale des législatives espagnoles du 26 juin va tourner à l’affrontement entre la droite du Partido Popular (PP) menée par le premier ministre Mariano Rajoy, et la gauche populiste de Podemos.
Le parti socialiste, qui a gouverné le pays pendant 20 ans (de 1981 à 1996 et de 2004 à 2011), se retrouve aujourd’hui résiduel dans le jeu politique espagnol. Les sondages sont unanimes : la droite gagnera les prochaines élections, mais sans majorité absolue. Le parti socialiste va devoir batailler avec férocité pour arriver en seconde position, place convoitée par Podemos. Pedro Sánchez, le leader du PS, devra alors se résigner à faire un choix entre : appuyer un gouvernement de droite en laissant le PP gouverner en minorité ou alors se lancer dans la périlleuse aventure de s’allier avec l’extrême gauche.
Dans les deux cas, c’est une situation qui peut mener à la fin du parti socialiste en Espagne. Laisser gouverner la droite pourrait ressembler à une trahison. S’allier avec Podemos n’est pas sans risque, le parti radical cherchant à imposer son hégémonie à gauche en Espagne. Comme le FN cherche à faire exploser les Républicains en France, Podemos mise sur un dynamitage du Parti Socialiste Espagnol. Pour Podemos, le meilleur scénario serait celui où les socialistes laissent gouverner la droite, permettant de se revendiquer comme unique vrai parti de gauche lors de prochaines élections.
Mariano Rajoy, comme l’a jadis fait en France Mitterrand avec le Front National pour diviser la droite, fait monter volontairement la pression. Dans une vidéo diffusée lundi 9 mai sur internet, le Premier ministre conservateur alerte du danger que signifierait l’arrivée du pouvoir de Podemos en Espagne et de la « destruction d’emploi et ruine économique ». De fait, Mariano Rajoy appelle le parti socialiste à appuyer le futur gouvernement de droite pour barrer la route au populisme. Diviser pour mieux régner.
La fin du PS en France
Quand on passe la frontière, on constate que la situation du PS français est pire que celle de son voisin espagnol. Les socialistes au pouvoir n’ont plus de majorité parlementaire, un problème pour faire passer la polémique « loi travail ». Manuel Valls assume que le Parlement ne votera pas la loi, en appliquant l’article du 49.3 de la Constitution française. Ce dispositif permet au gouvernement de se dispenser de l’approbation des députés pour adopter une loi. En réponse, le Parlement propose une motion de défiance, si celle-ci obtient une majorité absolue le gouvernement est contraint de démissionner.
Même si l’extrême gauche, quelques écologistes, et des frondeurs socialistes ajoutent leurs voix à celle de la droite, la majorité requise sera difficilement atteignable : peu de risques pour le gouvernement de Manuels Valls de se voir mis à la rue. Cependant, même si la motion de défiance n’aboutit pas, la situation du socialisme apparaît sans issue. Comme en Espagne avec Podemos, le socialisme en France se retrouve sous les feux de tous les extrémismes. Bastonné par le populisme de gauche pour sa supposée politique libérale et raclé par le populisme du Front National sur sa droite pour son supposé laxisme, quel espace politique reste t-il au centre gauche socialiste ?
À gauche, certains ont leur idée : pour lutter contre le Front de gauche et le Front National, une grande alliance pourrait être trouvée entre les modérés de gauche et ceux de droite pour former une grande coalition centriste. Globalement, le même scénario qu’en Espagne pour empêcher Podemos d’arriver au pouvoir.