La maire de Barcelone Ada Colau et le président catalan Carles Puigdemont ont réaffirmé cette semaine leur volonté d’accueillir les réfugiés, malgré « l’inopérance » du gouvernement espagnol qui n’a relocalisé que 18 des 16 000 demandeurs d’asile qu’il s’était engagé à recevoir.
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Le plan “Barcelone Ville de Refuge” avait été annoncé avec grand enthousiasme en septembre dernier, et surtout avec un budget de 10 millions d’euros. Les citoyens avaient répondu présents, des milliers d’entre eux proposant une aide pratique ou un hébergement. Depuis, l’Union européenne s’était engagée à accueillir 160 000 réfugiés, et l’Espagne 16 000. Mais six mois plus tard, moins d’une vingtaine d’entre eux sont arrivés à destination. L’Espagne a encore un an et demi pour remplir ses engagements, mais à ce rythme il est assez improbable qu’elle y parvienne.
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Alors à Barcelone, on s’impatiente. Ada Colau multiplie les initiatives pour tenter d’accélérer le processus. Elle a annoncé mi-mars avoir envoyé une “lettre personnelle” au président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy pour proposer son aide dans la répartition de l’accueil des réfugiés. Dans la foulée, la ville avait signé un accord de collaboration avec Lesbos (Grèce) et Lampedusa (Italie), s’engageant à leur apporter soutien technique et logistique. Puis lors de la visite du maire d’Athènes, Giorgos Kaminis, elle a convenu d’accueillir 100 réfugiés actuellement en transit dans la capitale grecque. Un accord purement symbolique puisqu’il doit être approuvé par les gouvernements espagnol et grec.
A. Colau demande l’accès aux fonds européens
Lors du Forum International d’Accueil et Intégration des Réfugiés au sein de l’UE organisé cette semaine à Barcelone, Ada Colau a accusé l’Etat d’être l’un des principaux obstacles au processus d’accueil. Elle a taxé le comportement du gouvernement de « honteux, inadmissible et injustifiable, pas seulement parce c’est immoral mais parce que c’est illégal ». La mairesse a demandé à ce que les gouvernements locaux et régionaux puissent avoir accès aux fonds européens pour l’accueil des réfugiés, « des millions d’euros que l’Etat n’utilise pas, ou utilise sans transparence ».
Le président Carles Puigdemont a quant à lui souligné l’expérience de la Catalogne en tant que terre d’accueil mais aussi terre d’exil, d’où sont parties 200 000 personnes après la victoire des troupes franquistes en 1939. Le leader catalan a réaffirmé sa volonté d’accueillir 4.500 réfugiés, dont 1.800 pourraient être reçus immédiatement. De son côté, le gouvernement espagnol a expliqué la lenteur du processus par des complications d’ordre administratif imposées par Bruxelles.
Les réfugiés ne cessent pas d’arriver pour autant. Ceux qui débarquent directement sur les côtes espagnoles ou via les enclaves de La Ceuta et Melilla sont pris en charge par les autorités et associations espagnoles. “Nous ne manquons pas de travail, même si le gouvernement ne fait pas le sien”, assure Miguel Pajares, président de la Commission Catalane d’Aide aux Réfugiés (CCAR). Depuis le début de l’année, Barcelone a ainsi accueilli et accompagné plus de 600 réfugiés.