Nuit Debout – 15M. Contestation, jeunesse, campements, débats. Les deux mouvements présentent de nombreuses similitudes et sont souvent comparés, en France comme en Espagne. A juste titre?
Près de 5 ans après le début du 15M (qui est né le 15 mai 2011 à la Puerta del Sol de Madrid), Equinox a recueilli les témoignages de Français ou Espagnols ayant connu le mouvement et suivant actuellement celui de Nuit Debout à Paris.
Damien Lemaître : « Nuit Debout reprend les codes du 15M »
Le journaliste Damien Lemaître est arrivé en 2012 à la rédaction du Petit Journal de Madrid. Il a donc commencé à travailler sur le mouvement des Indignés avec le recul d’une année passée. Installé à Paris depuis peu, il suit le mouvement Nuit Debout aux côtés d’autres collègues du journal El País. « Ce nouveau mouvement reprend les codes de celui du 15M, assemblées générales quotidiennes, vote à main levée, rassemblement sur une place publique, et il part du même constat : la solution démocratique ne vient plus de la politique, explique-t-il, les gens semblent lassés par les hommes politiques, ne se sentent plus représentés par eux, ils souhaitent un sursaut citoyen ». Damien note toutefois que les militants de Nuit Debout ont assuré au journal Le Monde qu’ils ne voulaient pas se comparer aux Indignés espagnols, estimant que Podemos n’avait pas su transformer les institutions, « ce qui témoigne d’une grave méconnaissance sur l’actualité politique espagnole, d’un laisser-aller qui leur fait perdre de la crédibilité à mon sens » ajoute le journaliste.
María Almena : « le mouvement manque de soutien de la part de la société française »
María, une chercheuse madrilène de 34 ans, a activement participé au 15M Puerta del Sol. Désormais installée à Paris, elle observe avec grand intérêt l’initiative française. « Les deux mouvements ont de nombreuses similitudes, mais peut-être qu’en Espagne, il s’est propagé plus vite, explique-t-elle, cela manque aussi de soutien de la part de la société française en général, qui doit s’impliquer et aller sur place pour les soutenir. Je pense que beaucoup d’Espagnols observent le mouvement avec beaucoup de sympathie et nous espérons que cela va continuer à s’étendre et réussir à mobiliser les gens. »
François Ralle : « l’apolitisme apparent du 15M n’est pas très propre aux Français »
Le conseiller politique François Ralle Andreoli a longtemps été membre du Parti de Gauche et a accompagné les débuts de Podemos. « Ce n’est, forcément, pas exactement pareil et l’apolitisme apparent du 15M n’est pas très propre aux Français, estime-t-il, l’ampleur pour le moment n’est pas comparable, même si il y a plus de points de fixation qu’en Espagne qui pourraient prendre. Il y a des éléments communs et manifestement une envie d’imiter le 15M dans l’organisation et les références. Et cela fait le plus grand bien à la gauche française, comme à la droite, de voir qu’il y besoin de quelque chose en dehors des appareils ».
Nuit Debout à Barcelone
Le mouvement dépasse déjà les frontières françaises avec des manifestations prévues ce jeudi à Valence et samedi 9 avril à Madrid, Saragosse, Salamanque, Tarragone et Murcie.
A Barcelone, une page facebook a été créée pour suivre l’évolution du mouvement. Une manifestation de soutien sera organisée samedi 9 avril à 18h30 sur la Plaça Catalalunya.
Nuit Debout en Espagne