Une jeune Française a remporté un concours sonore en décrivant son parcours barcelonais. Entre les call centers et l’agitation de la capitale, beaucoup d’expatriés se retrouveront dans son récit intime et rythmé.
L’été se termine à peine mais les mots d’Anne-Lise Morel sonnent toujours justes. Cette Française s’est imprégnée de son expérience barcelonaise pour s’afficher, le 17 septembre, en troisième position d’un concours organisé par Arte Radio et les AudioBlogs. Les seules règles : envoyer une carte postale sonore de son été, en quatre minutes.
Challenge relevé pour l’ex-opératrice de call center, avec le son « Arena ». Titre savamment trouvé pour décrire le sable de la plage, cette impression qu’elle a d’être un taureau au milieu d’une arène et peut-être en lien avec cette marque de maillots de bain. Tout en sons d’ambiance, Anne-Lise crée un univers sonore agité avec morosité et lassitude la période estivale dans la capitale catalane. « Je venais juste de donner ma démission dans le call center où je travaillais, une expérience atroce, explique la jeune fille. C’était l’été, il faisait très chaud, j’entendais mes voisins à longueur de journée… Je me suis dit qu’il fallait que je m’inspire de mon humeur. »
En passant par le quotidien de ces individus au bout des « 08… », Barcelone prend l‘allure d’une ville ultra-touristique où les travailleurs passent pour des fantômes parmi tous ces vacanciers. « Je n’aime pas trop écrire avant de créer. Alors j’attaque direct. J’enregistre ce qui me passe par la tête. J’improvise des dialogues toute seule devant mon micro. Je compose une petite musique avec mon clavier à côté. (…) Et ensuite je réorganise un peu tout ça, et là je commence à écrire des dialogues, une narration. Et à enregistrer les sons qui m’intéressent autour de moi. »
Anne-Lise pique donc les bruits permanents du Born, que les habitants reconnaitront, puis les moments de son quotidien comme son arrivée au Centre de Salut, ou ses recherches d’apaisement sur la plage… L’expérimentatrice sonore, comme elle aime se faire appeler, finit ce son-intime par un slam enivrant, un brin anxiogène qui révèle une autre facette de la ville de la fiesta.
« Ca m’a fait beaucoup de bien de créer ce son, livre l’artiste. Comme je le disais avant, j’étais à saturation. Le call center surtout, et puis le bruit, la chaleur. J’avais besoin de m’exprimer, de laisser sortir un peu ma colère. Le concours m’a aussi permis de collaborer avec ARTE : j’ai réarrangé le son la semaine dernière dans leurs studios. J’ai eu l’opportunité d’être face à leur professionnalisme et de travailler avec du vrai matos ».
Anne-Lise a déjà d’autres projets en tête. Après un retour furtif à Paris, elle est repartie à Mexico pour 6 mois. Pas sûr qu’il y aura moins de bruits, mais peut-être d’autres sources d’inspirations. « Ca sera l’occasion de faire un nouveau carnet (de voyage) » conclue la créatrice de sons.
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