Equinox Radio a rencontré Jaume Clotet, auteur du livre « 50 imprescindibles de la historia de Catalunya ». L’homme est aussi le secrétaire de presse du ministère des affaires étrangères catalan. Il revient sur les temps forts de cet ouvrage.
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Equinox Radio Barcelone : Comment vous est venue l’idée d’écrire ce livre et quel est son objectif ?
Jaume Clotet : C’est la maison d’édition qui m’a demandé d’écrire ce livre. C’est quelque chose de très répandu en Europe où il existe les 100 moments les plus marquants de l’histoire de France, d’Angleterre de Suisse mais ici en Catalogne cette tradition n’existait pas avant ce livre. Ce n’est pas un livre d’histoire mais plutôt un ouvrage sur les moments à retenir en Catalogne. A travers des anecdotes, c’est plus facile de découvrir l’histoire qu’avec un livre classique.
Equinox Radio Barcelone : Dans votre livre vous retracez le règne de Jaume I où son royaume allait de Montpellier (donné à ses fils dans son testament) jusqu’à Valence, en passant par Majorque. On note qu’aujourd’hui dans la partie espagnole de l’ancien royaume, on parle le catalan sous une forme ou une autre, ce qui n’est plus le cas à Montpellier ou Perpignan. L’Espagne a-t-elle mieux protéger sa diversité linguistique que la France ?
Jaume Clotet : Je souligne que Montpellier n’a jamais parlé catalan, cette ville faisait partie du Royaume de Jaume I simplement du fait que sa mère était originaire de là-bas. Ils n’ont d’ailleurs pas été capables de réussir cet objectif. Non, l’Espagne n’a pas mieux protégé sa diversité linguistique que la France. L’Espagne a toujours voulu être la France, elle a été le référent des gouvernements espagnols. La Catalogne a toujours su résister face à l’Espagne.
Equinox Radio Barcelone : Certaines voix politiques réclament le retour des Pays Catalans comme sous le règne de Jaume I (Perpignan-Valence-Majorque et la Catalogne actuelle). D’un point de vue historique, qu’en pensez-vous ?
Ça n’a pas de sens. Aujourd’hui ce n’est pas la langue qui fait une nation. Même si l’on parle catalan à Majorque ou à Valence, il ne faut pas les intégrer dans une nation catalane. Le gouvernement catalan n’a pas l’intention de faire un état comprenant Perpignan et les anciens territoires. Nous voulons que les 4 provinces actuelles de la Catalogne deviennent une nation en tant que telle. Les autres suivront leur chemin. Cependant le catalan dans les Pyrénées-Orientales en France – de mon point de vue – devrait être plus enseigné dans les écoles.
Equinox Radio Barcelone : Anecdote dans votre livre à la page 146 , on apprend qu’après la guerre de Succession, la Catalogne s’est retrouvée sans journaux. En 1810, apparait le premier journal de Catalogne : « El Diaro de Barcelona ». Ce journal était écrit en catalan et en français et les journalistes étaient français ou catalans francophones. Bien sûr c’était un journal de propagande du gouvernement français, mais le symbole reste fort. Que pensez-vous de l’influence française aujourd’hui en Catalogne ?
Pendant des siècles, la Catalogne a été francophile. Les liens entre la France et l’Espagne sont historiques. Pendant la Première Guerre Mondiale, alors que Madrid était alliée avec les Allemands, la Catalogne était alliée avec la France. Puis, pendant que l’Espagne était très formelle, catholique et conservatrice, la Catalogne – surtout dans sa partie de Gérone – était influencée par la France et son modernisme social. De plus, l’éducation universelle avec la séparation des pouvoirs et la liberté d’expression a été amenée par Napoléon. La proximité géographique avec la France a toujours été une référence.
Peut-on comparer l’époque de la Renaixença et sa singularité avec l’époque actuelle d’avant-gardisme catalan et barcelonais ?
La Renaixença et le Vanguardisme peuvent se comparer puisque les deux sont – comme le nom l’indique – une renaissance de l’identité politique et culturelle catalane. On a dans ces deux époques voulu faire les choses différemment, plus avancées que dans d’autres endroits de l’État espagnol. Il y a un fort composant d’enthousiasme et de positivisme. C’est ce qui a attiré les gens. Le conservatisme fait fuir. Gastronomie, culture, football, nous avons créé une communauté toujours bercée d’enthousiasme. La France est unique au monde avec sa singularité culturelle car l’Etat a toujours su la protéger avec son Etat. Je pense que la Catalogne suit le même chemin.
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