Barcelone face à une fulgurante augmentation des intoxications à la cocaïne rose

Les hôpitaux de la capitale catalane tirent la sonnette d’alarme : les intoxications liées à de nouvelles drogues sont en forte hausse et leurs effets restent méconnus des consommateurs. 

Aux urgences de l’Hospital Clinic, les médecins voient de plus en plus arriver, la nuit ou au petit matin, des patients à l’aspect particulier : ils ont les narines teintées de rose. C’est en fait le signe d’une nouvelle drogue en vogue : le tusi, aussi surnommé cocaïne rose. Derrière son apparence ludique se cache un cocktail explosif à base de MDMA, kétamine et autres substances psychoactives, dont la composition exacte varie selon les fabricants.

Entre 2023 et 2024, les cas d’intoxication liés à cette drogue ont été multipliés par quatre. Le tusi s’impose comme la nouvelle star des soirées, notamment chez les jeunes adultes. Problème : sa composition instable et ses effets imprévisibles rendent son usage particulièrement risqué.

L’année dernière, près de 2400 personnes ont été admises aux urgences de l’Hospital Clínic pour une intoxication liée à une substance psychoactive. Si l’alcool reste le produit le plus souvent en cause (dans 57 % des cas), l’essor du tusi, du crack et des médicaments psychotropes bouleverse les habitudes. En cinq ans, le nombre total d’intoxications a augmenté de 14 %, illustrant une tendance de fond dans la société espagnole.

Parmi les cas les plus graves, on observe une nette hausse des intoxications au crack, dont les cas ont triplé en deux ans. Cette drogue, historiquement liée à des populations précaires, fait un retour remarqué dans les quartiers urbains.

Plus de 200 nouvelles drogues chaque année

Autre phénomène préoccupant : les intoxications médicamenteuses, qui représentent désormais un quart des cas traités. Il s’agit majoritairement d’ingestions volontaires, notamment par les adolescentes. Les benzodiazépines, prescrites pour lutter contre l’anxiété ou l’insomnie, sont les plus fréquemment en cause, devant les analgésiques comme le paracétamol. Marina Parra, cheffe du service de pharmacologie à l’Hospital Clinic, a parlé à plusieurs médias catalans d’une « pandémie silencieuse » difficile à enrayer.

Et dans ce paysage toxique en mutation, une autre drogue attire l’attention des médecins : les bonbons au cannabis. Ces produits, vendus légalement dans des boutiques spécialisées, contiennent souvent des cannabinoïdes de synthèse modifiés en laboratoire. Leur puissance peut être jusqu’à 40 fois supérieure à celle du THC traditionnel. Le plus souvent, les victimes sont des touristes qui achètent ces produits comme souvenirs sans mesurer les risques.

Lire aussi : A Barcelone, les bonbons au cannabis font de plus en plus de victimes

Face à l’apparition constante de nouvelles substances, les laboratoires du Clínic doivent adapter sans cesse leurs analyses. En 2024, 233 drogues inédites ont été identifiées, certaines contenant des dérivés chimiques industriels ou des composés aliénants comme le karkubi, une drogue hallucinogène originaire du Maghreb.

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