S’abstenir de viande et de poisson dans le pays du jambon et de la paella peut sembler compliqué… Mais ne l’est pas tant que ça : nombreux sont les végétariens d’Espagne à vivre une vie gourmande et sans protéine animale.
Photo : restaurante Mari Fab-Lab
Croquettes au jambon, anchois, gambas à l’ail, calamars frits, poulpe à la plancha… À la lecture des menus espagnols, être végétarien a l’air d’un défi. Pourtant, 11 espagnols sur 100 ont choisi ce régime (en 2023), et le chiffre tend à augmenter avec les jeunes générations, de plus en plus conscientes de l’impact écologique de leur alimentation.
Si l’image d’une Espagne carnivore persiste – entre le taureau emblématique et le jambon exporté dans le monde –, Barcelone prouve le contraire. À Séville, être végétarienne relevait du défi pour Hélène, 27 ans. Mais depuis deux mois à Barcelone, cette Aindinoise est agréablement surprise : « en Andalousie, je n’avais pas d’autres choix que de manger du poisson. Ici, il existe des sushis végés, des restos végés et il y a toujours la possibilité sur la carte de manger sans viande ».
Les tapas, justement, s’y prêtent bien. Mises à part celles citées plus haut, on trouve sur tous les menus du pan con tomate, de la tortilla, des patatas bravas… Beaucoup de féculents, certes, mais une base solide. Et la ville compte surtout un très grand nombre de restaurants végétariens comme Veg World India à Gràcia, Fat Veggies dans l’Eixample ou encore Biocenter dans le Raval. Un choix qui ravit Vivien, végétarien depuis 7 ans et installé en Espagne depuis 6, qui le dit tout net, « à Barcelone, les établissements avec peu d’option végés c’est rare. Ce sont des endroits arrêtés dans le temps, qui ne savent pas évoluer ».
Le prix du végétal
Un constat pertinent quand l’option végétarienne est maintenant presque systématique et rime avec modernité. Le logo avec la plante verte indiquant qu’un plat ne contient pas de protéines animales est d’ailleurs devenu un incontournable sur les menus, au même titre que la présence d’allergènes ou de lactose, permettant d’informer le consommateur sur la composition des produits. Une ouverture qui reflète une société toujours plus flexible sur les régimes alimentaires.
C’est en tout cas l’avis de Nicolas, végan depuis 2020 et antiquaire, qui note la souplesse des restaurateurs espagnols par rapport aux français : « lorsque je monte à Paris et que je regarde les cartes je suis souvent désespéré de voir à quel point les choses avancent lentement de ce côté-là. Ici, lorsque tu demandes une adaptation les réponses sont plutôt positives. On te propose une solution car culturellement les établissement barcelonais sont habitués à ce genre de demandes« .
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Dans cette lignée, Mathilde mentionne aussi des supermarchés, très fournis en options pour remplacer la viande, « comme les faux filets de poulet, le faux jambon, le fauxmage ». Et parmi les enseignes, la superstar à Barcelone s’appelle Ametller Origen. Une entreprise catalane tournée vers le bio, le vert et les options végétariennes, justement.
La chaîne profite du boom sans viande : en 2024, elle a connu une croissance éclair, avec 23 % de ventes en plus comparées à l’année passée et un chiffre d’affaires annuel de 681 millions d’euros. Loin des milliards de Mercadona mais rivalisant avec les 800 millions de Condis, Ametller Origen prospère grâce à ses ventes maraîchères, confirmant l’essor du végétal.
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À Barcelone, l’alimentation végétale est d’ores et déjà une norme, et Vivien est convaincu qu’elle ne fera que croître : « je n’appréhenderai pas si j’avais à déménager ailleurs. Le végé se développe et va continuer à se développer avec toujours plus de produits, toujours plus d’options et toujours plus de restaurants ».
