Immigration en Espagne, l’exception européenne

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Contrairement à l’ensemble des pays de l’Union européenne (UE), l’Espagne voit en l’immigration un moteur de la croissance économique du pays. Pourquoi l’immigration est-elle moins tabou dans la péninsule ibérique ? 

Le sujet de l’immigration est clivant dans le Vieux continent. Alors que la majorité des nations de l’UE prône un durcissement des politiques migratoires, l’Espagne mise, quant à elle, sur la régularisation des étrangers, notamment dans une optique de redressement économique. Et pour cause, le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez (PSOE), ne cesse de défendre une ouverture accrue des frontières européennes.

Lors du dernier Conseil de l’UE, en octobre 2024, dédié à la question migratoire, le socialiste a incité ses homologues européens à accueillir des immigrés à l’instar de l’Espagne, dans le but d’accroître la prospérité économique des nations. « Près de 50 % de la croissance économique de l’Espagne, ces 20 dernières années, proviennent de la contribution de l’immigration », a déclaré Pedro Sanchez. Une doléance qui peine à convaincre les nations européennes. Pourtant, au sein de la péninsule ibérique, la recette de l’équilibre entre immigration et croissance économique semble avoir été trouvée et porte ses fruits.

Les secteurs en tension, une opportunité pour les immigrés

Selon l’économiste catalan Josep Miro, les secteurs d’activités dont les postes sont précaires tirent leur épingle du jeu. Les secteurs de la construction et des services profitent de l’afflux migratoire pour assurer leur croissance. Logiquement, le tourisme, qui jongle principalement entre hôtellerie et restauration, dope une grande partie de l’économie du pays. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. L’Espagne a accueilli 85,17 millions de touristes en 2023, marquant une hausse de 18,7 % par rapport à 2022. « Dans ce secteur, maîtriser plusieurs langues est un avantage donc les immigrés peuvent être favorisés par les employeurs », analyse Josep Miro interrogé par Equinox.

EspagneToujours dans le domaine des services, les professions d’aide à la personne et de l’agro-alimentaire drainent également des profils issus de l’immigration, notamment d’Amérique latine, qui représentent une part importante de la population étrangère d’Espagne. Effectivement, les chiffres de l’INE montrent que les étrangers venus s’installer dans la péninsule ibérique en 2023 sont principalement Colombiens, avec 44.300 au cours du premier trimestre 2023, Vénézuéliens (21.500) et Péruviens (18.800). En parallèle, le secteur de la construction est également l’un des moteurs économique du pays. Les chiffres du deuxième trimestre 2024 montrent que ce secteur a vu 61.100 emplois créés dont près de la moitié a été pourvue par des étrangers.

Faciliter l’intégration des immigrés

Si l’immigration permet de venir en aide aux secteurs en tension, le gouvernement espagnol ne compte pas s’en arrêter là. En octobre dernier, le Conseil des ministres a approuvé une nouvelle réglementation en matière d’immigration qui accélère la régularisation des étrangers. Les principaux objectifs de ce plan visent à baisser le nombre de personnes en situation irrégulière en Espagne, mais surtout de répondre aux besoins du marché du travail ibérique et de relever le défi démographique.

« Nous devons permettre aux personnes de réaliser leur projet de vie en Espagne en facilitant les changements de statut, par exemple si un étudiant vient se former et entre ensuite sur le marché du travail, ou si un membre de la famille réunie décide d’obtenir son propre permis de travail », a expliqué Elma Saiz, ministre de l’Inclusion, de la Sécurité Sociale et des Migrations. En parallèle le vieillissement de la population espagnole et la natalité en berne provoquent une crise démographique. Conséquence, au cours des dix dernières années, le nombre d’Espagnols en âge de travailler a diminué de plus d’un million. De ce fait, l’arrivée des immigrés permet de pallier, en partie, cette crise de la population.

Culture cosmopolite

Au-delà de l’aspect économique, la péninsule ibérique se démarque par son vivre-ensemble. Les grandes métropoles espagnoles telles que Barcelone, Madrid ou encore Valence savent composer avec une population marquée par une grande diversité ethnique. Dans le cas de la Costa Blanca, les étrangers représentent près de 20 % de sa population (153.730 personnes). C’est en comparaison, l’équivalent du nombre d’habitants des communes telles que Grenoble ou Dijon en France.

Ce sont bien souvent de jeunes adultes : 51 % d’entre eux sont âgés de moins de 35 ans selon le registre municipal. De nouveaux profils, venant contrebalancer avec la population espagnole vieillissante, qui choisissent l’Espagne pour son vivre-ensemble, son attractivité économique, ses opportunités d’emploi, la présence de grandes universités et surtout une qualité de vie avantageuse.

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