[VIDEO] Espagne : un fils d’exilés revient sur les 86 ans de la Retirada

Equinox barcelone retirada

Il y a 86 ans, la guerre civile espagnole prenait fin, et les républicains menacés par l’armée franquiste quittaient le pays. Une grande majorité décide de s’enfuir par les Pyrénées pour rejoindre la France : c’est la Retirada.

C’est un moment clé de l’histoire espagnole. Il y a 86 ans jour pour jour, la Catalogne tombait aux mains de l’armée franquiste. Dans le même temps, des centaines de milliers d’opposants à son régime dictatorial fuient vers les montagnes. La traversée est un enfer. Les cols sont enneigés, les fuyards manquent d’équipement, et les franquistes bombardent les sentiers.

À la frontière, l’accueil est glacial. La France redoute de voir débarquer toute cette population espagnole de gauche, mêlée de communistes et de socialistes, et de les voir perturber son territoire. Après de longues tractations, Edouard Daladier finit par laisser passer les civils seulement. Quelques jours plus tard, les forces armées y seront aussi autorisées. Du 28 janvier au 13 février 1939, ce sont donc 475 000 personnes qui passent la frontière française, en divers points du territoire : Cerbère, Le Perthus, Prats de Mollo, Bourg-Madame…

Les Espagnols ne sont pas particulièrement bien accueillis par la France, qui se retrouve débordée face à cet afflux massif. Les exilés se font fouiller, identifier puis sont emmenés dans différents camps de toute la France. Face à la pression du nombre, l’armée française peine à organiser leur accueil et de nombreuses familles sont alors séparées.

Un hébergement précaire

Les femmes, les enfants et les vieillards sont envoyés en train vers l’intérieur du territoire. Plus de 70 départements français accueillent ainsi des groupes de réfugiés civils, durant plusieurs mois, dans des structures d’hébergement diverses, mises à disposition par les municipalités. Dans les camps, les conditions de vie varient selon l’implication des associations françaises.

Pour les hommes, le destin est moins reluisant. Ils sont parqués dans des camps d’internement – que le gouvernement français qualifie lui-même de « camps de concentration » – construits dans le sud-ouest de la France à Argelès-sur-mer, Barcarès ou Saint-Cyprien.

Le père de Daniel Pinós, combattant républicain originaire d’Aragon, a survécu quelques mois dans le camp d’Argelès-sur-Mer avant d’y être rejoint par sa femme. Daniel a accepté de raconter l’exil de ses parents dans une vidéo à découvrir ci-dessous, en français et sous-titrée en catalan.

Recommandé pour vous