En Catalogne, un monument franquiste crée la discorde

Equinox Barcelone Tortosa

50 ans après la fin du franquisme, des traces de la dictature sont encore visibles en Espagne. En Catalogne, un monument érigé après la bataille de l’Èbre, en Tarragone, fait particulièrement débat. Doit-on, ou non, déboulonner ce mémorial ?

Photos : Wikimedia Commons, Enric

Un aigle, un soldat, une étoile. Ce sont les éléments bien reconnaissables du monument commémoratif de la bataille de l’Èbre, à Tortosa (Tarragone). Érigé en 1964 par les franquistes pour célébrer les 25 ans de la bataille de l’Èbre, ce monolithe est au cœur d’une controverse depuis l’adoption, en décembre 2024, d’une loi sur la mémoire démocratique en Catalogne.

Le texte fixe un délai de deux ans pour l’élimination de tout symbole franquiste de l’espace public. Profitant de ce cadre, les Républicains d’ERC ont annoncé qu’ils présenteraient un amendement pour que la sculpture franquiste controversée de Tortosa soit enlevé « d’urgence » dans un an, car ils considèrent qu’il s’agit d’un site « particulièrement symbolique ».

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En effet, la sculpture de fer et de béton, classée à l’inventaire du patrimoine architectural de Catalogne, a été construite en l’honneur d’une victoire franquiste sur le site du fleuve de l’Èbre. Elle commémore la bataille éponyme qui y eut lieu de juillet à novembre 1938 et a vu triompher les hommes de Franco, permettant à la dictature de s’installer définitivement.

Une sculpture déjà amputée

Pour d’autres, ce monument doit être conservé comme témoignage historique et œuvre artistique. En 2016 d’ailleurs, après que le Parlement de Catalogne ait voté une résolution demandant au conseil municipal de Tortosa de « retirer immédiatement le monument commémorant la bataille de l’Èbre » un référendum populaire des habitants de Tortosa avait été organisé et le « oui » en faveur du maintien et de la réinterprétation du mémorial l’avait emporté.

Une grande partie des symboles franquistes ont déjà été enlevées de la structure. En 1986, la plaque « Victoire » que tenait entre ses serres l’aigle royal, les inscriptions « Au Caudillo de la Croisade et des vingt-cinq ans de paix » et « À la promotion de l’Èbre de la Garde civile » ont été retirées. Et en 2008, la municipalité a fait disparaitre les plaques situées sur la Rambla Felip Pedrell, juste devant le monolithe, qui commémoraient son inauguration par Franco.

À l’heure actuelle, tous les groupes municipaux de la mairie de Tortosa, à l’exception de Junts, sont favorables à l’enlèvement du monument.

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