Les applications de « sport à la carte » qui permettent de faire différentes activités sportives dans différents centres font de plus en plus d’adeptes parmi les particuliers comme chez les entreprises, notamment à Barcelone et en particulier chez les expats. Décryptage d’un phénomène en pleine forme.
« Je pratique des sports très différents: yoga, barre, aéro, spinning, kick boxing, natation… un seul centre ne me permettrait pas de réunir toutes ces disciplines », explique Cecile, 33 ans, Barcelonaise d’adoption depuis 8 ans. Comme un très grand nombre d’autres sportifs, en ce qui concerne son activité physique la Liégeoise a choisi de ne pas choisir.
Et c’est grâce à des applications comme Classpass ou Urban Sports Club (il en existe d’autres, ces deux dernières sont les leaders à Barcelone) que celle qui habite la Sagrera peut se permettre de rester curieuse. Ces plateformes, toutes deux créées au début des années 2010 (respectivement par une Américaine et par un Allemand) font carton plein dans tous les pays qu’elles ont approché, et notamment à Barcelone.
Dans les faits, ces deux applications fonctionnent différemment, mais toujours avec le même objectif de flexibilité. Si Classpass offre un service de crédits lié au budget (plus on paye, plus on a de crédits, plus on peut accéder à des cours), Urban Sports Club n’a qu’un seul plan, c’est seulement sa taille qui varie, avec des formules S, M, L ou XL permettant d’augmenter la fréquence du nombre de séances par mois.
En plus de s’adapter au budget et aux envies sportives, ces applications sont aussi très internationales. Urban Sports Club est installé dans 10 000 centres en Espagne, en Italie, en France, en Belgique et au Portugal, tout comme Classpass qui existe lui dans 30 pays autour du globe.
Le paradis de l’expat
Lorsqu’on additionne flexibilité des horaires et du budget et présence à l’internationale, que récolte-t-on ? Un expatrié, bien sûr. Et c’est ce public que ces plateformes ont conquis avec succès. En effet, Cecile, copywriter pour une multinationale loue la liberté de l’application qu’elle utilise tout comme Jacob, ingénieur informatique en V.I.E qui raconte qu’en arrivant à Barcelone il y a un an pour un stage a d’abord fait beaucoup d’allers retours à Paris, et a été séduit par la présence transfrontalière de l’application.
Grand sportif, il a trouvé via la plateforme son bonheur, même alors géographiquement instable. « Sur les 6 premiers mois à Barcelone, j’étais amené à beaucoup retourner à Paris et parfois pour plusieurs jours. Je pouvais donc continuer à m’entraîner pendant mes déplacements », explique ce Français de 28 ans.
Un autre argument pour ces applications est celui du mode de vie de l’expat, qui est aussi souvent un digital nomad. Cecile la Belge par exemple, travaille complètement à distance et les cours lui permettent non seulement de découvrir géographiquement Barcelone mais aussi d’avoir des moments de sociabilité en organisant des séances entre amis : « ça permet vraiment de ne pas s’ennuyer et c’est ce qui instaure un style de vie durable. En outre, j’adore organiser des activités sportives avec d’autres amies qui ont aussi Urban ».
Un coup de coeur aussi chez les entreprises
Les particuliers ne sont pas les seuls adeptes de ces plateformes. Chez Urban Sports Club par exemple, plus de 7 000 entreprises européennes ont souscrit à un abonnement permettant d’offrir des remises à leurs employés. Un moyen comme un autre d’attirer des talents toujours plus en demande d’un équilibre sain entre vie pro et vie perso.
Justine, riveraine de Poblenou qui habite Barcelone depuis 6 ans, ne quitte pas son quartier pour aller au sport et bénéficie d’une remise de moitié prix sur son abonnement grâce à sa boite.
Un concept parfait, donc pour ceux qui ont la bougeotte ou aiment changer de sport chaque semaine, mais qui devient obsolète lorsqu’on se décide sur un sport ou un endroit, explique encore Jacob, qui a stoppé son abonnement : « j’ai fini par arrêter Classpass car je ne l’utilisais que pour la boxe, et si je voulais pouvoir faire de la compétition, je devais m’inscrire au club ».
Ce n’est pas la désinscription de Jacob qui fera la ruine de ces applications. Dès 2020, après seulement 8 ans d’existence Classpass a vu sa valorisation dépasser le milliard de dollars. Urban Sports Club, leader européen, affiche de son côté aussi une rentabilité et une croissance rapide : ses revenus nets ont doublé entre 2021 et 2022 et ont continué à se renforcer en 2023.
À l’été 2024 la start-up a annoncé une levée de fonds de 95 millions d’euros, qui devrait l’amener dans le cercle fermé de la valorisation d’un milliard de dollars. Le sport à la carte a de beaux jours devant lui.