Parce qu’Equinox est un média de proximité, les lecteurs sont invités à s’y exprimer. Pour cette première tribune des lecteurs, la parole est à Johana, Française à Barcelone depuis 7 ans.
Photo de couverture : Bérenger Cyne
Barcelone. Une destination touristique prisée. Un lieu qui rassemble de nombreux avantages : ville européenne méditerranéenne, il y fait bon vivre, elle est internationale, proche de la France, festive et dynamique. Ici, ça sent toujours les vacances ! Pourtant, y vivre est-il aussi attrayant que d’y passer quelques jours ?
Derrière le soleil et la dolce vita se cache un souci inquiétant pour ses habitants : le prix des loyers.
Entre reconnaissance et frustration
Après 7 ans dans la capitale économique du pays, je dois bien me rendre à l’évidence : Barcelone joue de ses charmes pour attirer des touristes toujours plus désireux d’y investir des ressources que les locaux n’ont plus.
Résultat, les prix grimpent. Le salaire moyen à Barcelone est de 1500€, et pourtant, il est extrêmement compliqué d’y trouver une chambre à moins de 500€, soit un tiers de son salaire pour une chambre sans fenêtre dans une colocation à 5.
Une connaissance souhaite acheter son propre appartement, mais ne dispose pas des 20% demandés pour faire un prêt immobilier. Une deuxième, trentenaire, ingénieur mécanique, s’est exprimée « je me résigne, je ne pourrai jamais avoir mon appartement ici, donc je prends une coloc avec des copines ». Une troisième enchaîne deux boulots pour assumer son prêt immobilier, et la vie confortable qu’elle souhaite s’offrir.
Tout le monde est-il donc prêt à payer de son temps et de son énergie un mode de vie qui se transforme en cercle vicieux stressant ?
Dans un espace de co-working, j’ai eu l’occasion d’avoir des conversations sur « la honte que représente ce phénomène ». Beaucoup se plaignent des prix exorbitants, d’autres expriment leur désarroi face à une situation plus qu’inquiétante.
La ville offre un cadre de vie intéressant, agréable, et des activités ainsi qu’une ouverture internationale non négligeable. Cependant, la jeunesse a-t-elle sa place dans une ville reconnue à l’échelle mondiale pour son dynamisme, mais qui ne lui permet pas d’avoir accès à un logement confortable ?
Barcelone deviendrait-elle élitiste ?
Une situation anormale – vivre avec des étrangers par contrainte et non par choix – est devenue banale. À l’instar des capitales européennes comme Londres et Paris, Barcelone ne nous donne plus le choix. Pire encore, les prix se font concurrents aux loyers parisiens avec un salaire bien inférieur.
La capitale catalane semble bien décidée à accueillir ceux qui peuvent économiquement se permettre le luxe de vivre sur la côte méditerranéenne, tout en profitant des avantages d’une grande ville.
Petit bémol, les générations Y et Z cherchent ailleurs ce qu’elles ne trouvent pas localement. Entre déménagements nombreux et frustration constante, penser à bouger ne peut qu’être envisagé. Barcelone saura t-elle garder les premiers acteurs de son dynamisme ?