En 2023, 749.000 emplois ont été créés en Espagne et 42% ont été occupés par des étrangers. Une aubaine pour l’économie espagnole, qui cache néanmoins une fracture entre les différents secteurs d’activité.
L’Espagne terre d’accueil… et d’opportunités professionnelles ! L’an passé, la péninsule ibérique a été l’un des pays de l’Union européenne qui a signé la plus grande croissance économique ( +2,5 %, soit bien plus que la moyenne de l’UE de 0,8 % ) et le plus grand nombre d’emplois créés. Selon les chiffres de l’Instituto Nacional de Estadística (INE), sur les 749.000 emplois créés en Espagne, 42 % d’entre eux ont été attribués à des expatriés. Pourtant, la péninsule ibérique comptait 13 % d’étrangers dans sa population totale. Ainsi, les expatriés représentent près de 18 % des personnes actives du pays. Une attractivité certaine de la péninsule ibérique, qui catalyse son économie mais, en parallèle, qui modifie le rapport au travail des Espagnols natifs.
Deux secteurs prisés par les expatriés
Les secteurs de la construction et des services tirent leur épingle du jeu. Logiquement, le tourisme, qui jongle entre hôtellerie et restauration, dope une grande partie de l’économie du pays. Et pour cause, l’Espagne a accueilli 85,17 millions de touristes en 2023, marquant une hausse de 18,7 % par rapport à 2022. « Dans ce secteur, parler des langues étrangères est un bel atout, alors les expatriés peuvent être favorisés par les employeurs », analyse Josep Miro Roig, économiste catalan spécialisé dans la gestion d’entreprise.
Toujours dans le domaine des services, les professions d’aide à la personne et de l’agro-alimentaire drainent également des profils issus de l’immigration, notamment d’Amérique latine qui représente une part importante de la population étrangère d’Espagne. Effectivement, les chiffres de l’INE montrent que les étrangers venus s’installer dans la péninsule ibérique en 2023 sont principalement Colombiens, avec 44.300 au cours du premier trimestre 2023, Vénézuéliens (21.500) et Péruviens (18.800). En parallèle, le secteur de la construction est également l’un des moteurs économique du pays. Les chiffres du deuxième trimestre 2024 montrent que ce secteur a vu 61.100 emplois créés.
L’industrie draine des étrangers très qualifiés
Le secteur de l’industrie se porte de mieux en mieux grâce aux fonds de l’Union européenne qui lui sont destinés. « Il est vrai que les énergies renouvelables, notamment l’hydrogène vert, les industries de batterie et l’automobile se portent bien en Espagne. Un important investissement a été opéré par le pays », rappelle Josep Miro Roig, interrogé par Equinox.
L’arrivée massive de main d’œuvre étrangère très qualifiée permet, dans le même temps, à l’industrie et à l’innovation de se développer. « Il y a pas mal d’étrangers sur-diplômés qui s’installent en Espagne grâce au beau cadre de vie que propose le pays et à la création d’emplois dans ces secteurs », remarque l’économiste. L’investissement de l’UE et de l’État a effectivement permis la création de 63.400 emplois dans l’industrie espagnole au deuxième trimestre 2024.
Les Espagnols favorisent les métiers « de bureau »
L’embauche des expatriés dans les emplois de service a provoqué une modification du rapport au travail des Espagnols natifs. « On s’aperçoit que les Espagnols préfèrent travailler dans la fonction publique, dans les banques ou les collectivités locales au détriment du secteur des services », souligne Josep Miro Roig. Ces professions, nécessitant des diplômes hautement qualifiés, jouent ainsi sur le nombre d’universitaires en Espagne, qui n’a jamais été aussi élevé. Près d’1,7 million d’étudiants sont inscrits dans les universités espagnoles, selon les chiffres du ministère de l’Enseignement supérieur. Si l’expatriation dans la péninsule ibérique booste la croissance du pays, elle rebat également les cartes du monde du travail espagnol.
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