Mieux vaut prévenir que mourir : la leçon de Valence

Édito d’Aurélie Chamerois, cofondatrice d’Equinox.

Une semaine après les intempéries de Valence qui ont fait au moins 217 morts, habitants, volontaires et autorités sont encore en plein marasme pour tenter de retrouver les personnes disparues, nettoyer une eau stagnante devenue dangereuse, et déblayer les nombreux garages et souterrains encombrés de déchets et de voitures empilées les unes sur les autres. Si l’heure n’est pas encore venue d’attribuer les responsabilités d’un tel désastre, il apparaît évident que les avertissements n’ont pas fonctionné.

Celui de l’agence météo, qui n’a pas été pris au sérieux durant des jours par les institutions. Celui de la région de Valence, arrivé sur les téléphones des habitants alors que leurs maisons étaient déjà submergées par deux mètres d’eau. Celui des urbanistes, qui alertent en vain du danger encouru par les près de 3 millions d’Espagnols vivant en zone inondable. Celui des climatologues, martelant que les tempêtes et l’ensemble des phénomènes naturels seront de plus en plus violents.

Pourquoi ces avertissements sont-ils restés sans effet ? Par manque de courage politique, par négligence, par appât du gain, par peur que la prévision soit trop alarmiste et soit ensuite reprochée par des citoyens souvent intransigeants avec leurs dirigeants ? Sans doute un peu de tout cela à la fois, ce qui rend notre société collectivement coupable. Dans nos vies à 100 à l’heure, où la productivité et le court-terme priment sur la réflexion et la prévoyance, nous n’avons même pas le temps de nous arrêter pour sauver nos vies.

La nature, dans toute sa violence, nous a la semaine dernière donné un avertissement de plus. Prenons le temps d’écouter. Serons-nous prêts à stopper nos activités quotidiennes quand nous recevrons une alerte ? Serons-nous prêts à affronter dans les meilleures conditions une catastrophe naturelle ? La confection d’un petit « sac d’urgence » n’est plus l’apanage des survivalistes, mais devient aussi basique qu’une boite à pharmacie, avec une lampe de poche, une batterie externe, de quoi se laver, boire, manger et se vêtir chaudement. Et enfin ferons-nous confiance aux autorités dans leurs recommandations, même si elles proviennent d’un parti politique que nous n’aimons pas ?

Les inondations de Valence ont été la pire catastrophe naturelle vécue par l’Espagne depuis le début du siècle. Elles devraient au moins nous pousser à nous poser les bonnes questions.

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