Ne plus passer pour un touriste : ces Français de Barcelone qui apprennent le catalan

devenir catalan

Entre castillan et catalan, leur coeur ne balance pas : ils ont choisi les deux. Ces Français de Barcelone ont décidé d’apprendre la langue régionale en plus de la nationale. Un défi qui ne vient pas sans ses obstacles. 

Photo de couverture : Equinox

À peine débarqué à Barcelone, l’expatrié a le choix : apprendre le castillan, le catalan, ou les deux. Rapidement, il se verra déconseiller d’apprendre le catalan : « concentre-toi sur le castillan, c’est plus répandu ». Et si, en effet, le catalan n’est parlé que par presque 10 millions de locuteurs contre les gargantuesques 600 millions d’hispanophones dans le monde, il est tout de même utile et surtout apprécié de maîtriser la langue régionale à Barcelone.

« Faire l’effort de parler catalan est très bien vu », témoigne François-Miguel, journaliste sportif installé à l’Hospitalet depuis 2 ans. « C’est une façon de m’intégrer », continue le trentenaire, ce que confirment avec force toutes les personnes interrogées. Car dans la pyramide des besoins du néo-barcelonais, après le logement et le travail se situe l’intégration. Et trouver sa place dans la société ne se fait pas sans assimiler les usages traditionnels, dont le catalan fait partie.

Une question de langue, mais surtout de culture

Lyna, 27 ans et expatriée depuis près d’un an a elle aussi choisi d’apprendre la langue de Gaudí, « pour ne plus passer pour une guiri », dit-elle en rigolant. Contrairement à son compatriote, qui a appris sur Duolingo en autodidacte, Lyna a choisi l’accompagnement d’un des centres du CPNL.

Avec 6h de cours par semaine pour la modique somme de 0 euros, il est vrai que l’option CPNL est une aubaine, mais la Montpelliéraine d’origine, déterminée à « dépasser la barrière de la langue » ne se contente pas de ces heures en classe. Elle s’éduque aussi à la culture catalane en regardant des séries sur la chaine de télévision 3cat. Ce que fait aussi Johann, expat depuis 8 ans à Barcelone, qui cite notamment Crims, Merli ou Nit i Dia, des séries en catalan qui l’immergent complètement dans la culture.

La catalanité n’est pas qu’une langue, mais aussi et surtout un folklore et une identité. Quiconque pense rester sur le long terme dans la région et souhaite s’intégrer n’y coupe pas : le catalan est une priorité.

drapeau catalan

Photo : Equinox

Apprendre le castillan et le catalan en même temps, c’est possible

Johann, lui, se voit habiter dans son quartier de Poblesec pour longtemps, et souhaite pouvoir « comprendre et répondre » à ses enfants qui eux, maîtriseront parfaitement la langue dans quelques années. Alors pour pouvoir apprendre, il faut parler, oui, mais avec qui ? S’interroge encore le papa. Aucun de ses amis ne parle catalan, et dans les commerces, une fois sur deux, on lui répond en espagnol. Voilà tout le paradoxe de Barcelone. Une population entre deux langues, riche de ce mélange, mais qui rend encore plus difficile l’apprentissage.

Cet entre-deux langues déroutant est aussi un problème pour Oriana, 37 ans, mais dans le sens inverse. Mariée à un catalan, la Toulousaine a d’abord appris la langue régionale avant le castillan pour pouvoir converser avec sa belle-famille. Aujourd’hui, son usage de l’espagnol est assez limité, et dans les boutiques et les taxis, la maman de deux enfants ne sait plus quelle langue utiliser. « Quand je me retrouve face à un Sud-Américain, je peine à lui parler », explique celle qui estime aussi avoir « perdu le castillan en apprenant le catalan ».  

Mais cette situation n’est pas une fatalité, explique le professeur Karim Joutet, qui nous disait dans un article récent qu’apprendre les deux langues en même temps est tout à fait possible : « Quand on apprend deux langues, c’est essentiel de les utiliser au quotidien. Et la Catalogne est l’endroit parfait pour s’immerger dans les deux à la fois », expliquait le fondateur d’Espagnol pas à pas. La clé, selon lui, est d’alterner les deux : « l’idéal est de se concentrer sur une langue chaque jour. Lundi, catalan. Mardi, espagnol. Et ainsi de suite ». Poc a poc.

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