Mandarin Oriental, Sofitel, Majestic… les directeurs français sont particulièrement appréciés par les hôtels très haut de gamme de Barcelone. La French Touch ferait-elle la différence dans le secteur du luxe ? Eléments de réponse.
« Il n’y a pas de mafia française dans les hôtels de Barcelone », assure en riant Pascal Billard, directeur de l’emblématique hôtel Majestic depuis 11 ans. Pourtant, il le reconnait, sa nationalité a probablement aidé au moment de son embauche. « Il y a un savoir-faire, un savoir-être et un art de vivre français, de tradition ancestrale », concède-t-il. Une touche française très appréciée dans le luxe, et notamment dans la cité catalane où deux autres hôtels haut de gamme sont dirigés par des Français : le Mandarin Oriental avec Jean-Philippe Moser et le Sofitel par Matthias Bernard. Dans le club francophone également, Vincent Studer, directeur suisse de l’hôtel The One Barcelona.
De l’avis de nombreux experts, les écoles d’hôtellerie françaises et suisses sont une excellente carte de visite internationale. « Les groupes aiment bien ça, et notamment le groupe Accor », confirme Julie Basquiat, qui a débuté à la réception du Sofitel de Madrid après l’École hôtellière de Paris. Pour cette Versaillaise installée depuis près de 20 ans en Espagne, ses compatriotes font preuve du « sens du détail, de la finition, de l’attention », qui tranche avec certaines pratiques « plus expéditives et moins attentionnées ».
Le Sofitel de Barcelone
L’hôtellerie comme un art, une spécificité française ? Historiquement sans doute.« En France, c’est depuis longtemps vu comme un vrai métier, avec une vraie expertise, un métier noble avec un certain prestige, explique Pascal Billard, alors que dans beaucoup d’autres pays, cela a longtemps été associé au servilisme ou aux petits boulots ». Un prestige qui a déclenché passions et vocations d’un seul côté des Pyrénées.
L’expérience internationale comme atout
La perception du secteur tendrait toutefois à changer en Espagne, notamment avec l’ouverture de nouvelles écoles hôtelières. Mais les professionnels espagnols sont encore peu nombreux à partir faire leur expérience à l’étranger, par rapport à leurs confrères du nord de l’Europe. Car plus que la nationalité, c’est l’expérience qui compte. « Les recruteurs recherchent des personnes ayant travaillé dans l’ultra-luxe, il y en a plusieurs à Paris mais il n’y en a pas partout », explique Pascal Billard, lui-même passé par l’Hôtel de Crillon et le Plaza Athénée.
Pascal Billard, directeur de l’hôtel Majestic
La capitale française offre donc un terrain propice à une expérience au plus haut niveau, « un niveau d’excellence » auquel s’attend aussi la clientèle logeant dans les 5 étoiles barcelonais, même si les prix, eux, sont un cran en-dessous. « Ce que je valorise le plus pour recruter dans mon équipe, c’est l’expérience internationale, peu importe la nationalité », assure le Français qui veille à maintenir un melting-pot varié au sein de son équipe.
De son côté, après avoir travaillé dans les plus grands hôtels barcelonais, Julia Baquiast les conseille désormais en tant que consultante freelance. « Mes clients viennent pour la plupart de recommandations de mon réseau ici, je pense que ma nationalité rentre aussi en jeu, mais surtout pour le côté international… si j’avais été Allemande, ça aurait marché aussi ».