Bien que Barcelone ne se situe qu’à une petite heure et demie de la frontière, tout Français expatrié est déjà passé par la case “choc culturel” au moins une fois au cours de son expérience transpyrénéenne.
Ils sont 25 000 à être inscrits sur le registre, mais on estime leur total à 50 000. Un écart qui illustre cette fâcheuse tendance à faire fi des règles, qui suit le Français par delà les frontières.
Voici une liste non exhaustive des petites déconvenues et des agréables surprises que réserve Barcelone à ses gabachos.
Le « café con leche » où l’art de la patience
En France, on siffle un espresso en grignotant un croissant en deux temps, trois mouvements. Debout, attablé au zinc, on commande, on paie, et on quitte les lieux sans plus de cérémonie. À Barcelone, il ne faut pas être pressé. Le service au ralenti vous fera penser que le serveur prépare la boisson la plus sophistiquée qui soit. Si vous avez de la chance, vous aurez même le temps de lire Guerre et Paix avant qu’il ne revienne avec un robusta imbuvable. Ceux qui auront l’audace de commander un café glacé seront gratifiés d’une tasse de café accompagnée d’un modeste glaçon.
Sous la plage, le métro
Qui n’a pas été agréablement surpris par le métro en arrivant à Barcelone ? Propre, relativement à l’heure, intuitif, il fonctionne même jusqu’à deux heures du matin le vendredi et toute la nuit le samedi !
Avec ses sièges en tissu, ses couloirs glauques et son ambiance de cour des miracles après une certaine heure, le métro parisien fait figure de trou à rats par rapport au moderne métro barcelonais, avec ses assises en plastique, ses places réservées pour les personnes à mobilité réduite, et ses horaires à rallonge. Le meilleur pour la fin ? Un abonnement mensuel à seulement 21 euros est le sésame du rail barcelonais. Le vertigineux funiculaire de Montjuïc est même inclus dans ce forfait.
Seul bémol : au contraire du métro parisien, la lumière s’allume à chaque nouvelle station, au lieu de s’éteindre. Attention à ne pas se laisser piéger !
Adios les 35 heures…
Beaucoup s’imaginent que la vie à Barcelone se résume à une sorte d’épisode d’Emily in Paris avec en prime le soleil et la plage. S’il est vrai que sa situation privilégiée entre mer et montagnes en fait le point de départ idéal d’escapades dépaysantes, que le climat méditerranéen favorise le port du t-shirt été comme hiver, et qu’il est possible de (presque) tout faire à pied, les horaires professionnels contredisent le cliché selon lequel les Espagnols travaillent moins que les Français. C’est même le contraire : au lieu de 35, on travaille ici 40 heures par semaine.
Et les aides sociales
Pas d’APL, un RSA arrivé très tard, des allocations familiales très faibles. En comparaison avec la France et même avec le reste de l’Union Européenne, dire que l’Espagne n’est pas très en avance pour aider ses citoyens les plus défavorisés est un doux euphémisme. Par exemple, l’« Ingreso mínimo vital », l’équivalent du RSA français, n’a été introduit qu’en 2020, alors que le dispositif a été adopté en France en 1988. Pas non plus d’intermittence pour les travailleurs du monde du spectacle, ni d’alternance pour les étudiants. Tandis que le seuil légal de départ à la retraite est à partir de 65 ans. L’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs.
Siestival, quand Barcelone devient une ville de rêves
Entre 15h et 17h, la cité cosmopolite se métamorphose en une sorte de ville fantôme. Et peu importe son impératif : double de clefs, photocopies… C’est l’heure de la sieste, expats et touristes se retrouvent face à des portes closes.
Cette période de calme avant la tempête donne à la ville de faux airs de film post-apocalyptique . Les seuls bruits que l’on entend sont ceux du vent et des pigeons, et il n’est pas rare de croiser quelques âmes perdues errant comme des spectres, cherchant désespérément un magasin ouvert.
Il suffit d’une sortie imprévue à cette heure pour réaliser que la ville a décidé de faire une pause. Un rappel subtil que, malgré son dynamisme et sa multiculturalité, Barcelone a ses propres rythmes et traditions et compte bien les garder !