À Barcelone, la seconde main comme premier choix

Week-end à Barcelone

Barcelone n’est pas Paris, mais la capitale catalane sait se défendre quand on parle de mode, et surtout de seconde main. Vintage ou pas, les boutiques de vêtements d’occasion pullulent et les ventes s’envolent. Décryptage.

Photo de couverture : Equinox

« La mode sera durable, ou ne sera pas », voilà, en peu de mots, le leitmotiv de la 34e fashion week de Barcelone, qui a lieu cette semaine à l’Hôpital Sant Pau. Comme preuve de cet engagement, un des défilés, intitulé 080 Reborn, ne présentera que des vêtements de seconde main.

Tout porte à croire que dans la cité comtale, équilibrer l’impact environnemental de la troisième industrie la plus polluante au monde est une priorité. Presque chaque week-end des marchés dédiés au vêtement d’occasion sont organisés, comme le « Marché à 1 euro » de la Nau Bostik dans le quartier de Sant Andreu, où encore les marchés « Two markets » à Poblenou. Fanny, Française de Barcelone et grande consommatrice de seconde main y avait ses habitudes en 2021, « mais il y avait une queue pas possible ». 

barcelone recyclage

Photo : Equinox

Moins peuplées, mais plus chères, de l’autre côté de la ville dans le Raval, les boutiques dédiées au vintage fleurissent un peu partout. Problème, elles sont souvent onéreuses, davantage conçues pour attirer les touristes que pour proposer une alternative vraiment économique et écologique au prêt-à-porter. « Un phénomène de mode », regrette Fanny, et elle ne croit pas si bien dire. En Espagne, un pic a été atteint en mai 2022, mois au cours duquel le nombre d’achats dans les friperies a doublé par rapport à l’année d’avant.

En outre, le montant moyen dépensé a également augmenté de 13,13 % pour atteindre 48 €. À croire que le volet économique de la seconde main disparait petit à petit dans le marché des vêtements vintage, dont les prix grimpent en fonction de l’année de fabrication, de la marque et surtout de la mode du moment. Comme le disait Coco Chanel, « les modes se démodent, le style jamais », et les friperies dans leur ensemble se globalisent. L’étude « Consumer Trends 2022 », préparée par l’institut de sondages Samy Alliance, prévoit que d’ici 2030, les ventes de mode d’occasion pourraient doubler celles de la fast fashion.

Une fast fashion pourtant pas complètement ennemie de la seconde main. Sur les sites mastodontes Vinted ou Wallapop, on trouve de plus en plus de marques de prêt-à-porter. En effet, certains utilisateurs, au lieu de « vendre ce qu’ils ne mettent plus », achètent du neuf et le mettent en ligne. Aujourd’hui, plus de 60 000 articles de la marque Zara sont actuellement en circulation sur Vinted, mettant franchement à mal l’idée de circuit fermé de recyclage de vieux vêtements et de revente qui est censé faire son succès.

L’enseigne Humana règne sur Barcelone

À Barcelone, le moyen le plus sûr d’aider la planète et de ne pas casser sa tirelire reste l’ONG Humana. 1,1 million de personnes ont dépensé dans l’une des 21 boutiques barcelonaises de l’enseigne en 2022 (soit une augmentation de 25,5 % par rapport à l’année précédente), achetant plus de 2 millions d’articles réutilisés. Une accélération des ventes due « au boom de la consommation, un changement de valeurs dû à une plus grande prise de conscience environnementale et la redécouverte progressive d’autres façons de consommer », explique Rafael Mas , directeur des projets et des relations extérieures de la fondation.

Ces magasins de seconde main déjà très peu chers font régulièrement des promotions, à tel point que Fanny n’habille plus ses enfants autre part, eux qui ont maintenant « pris l’habitude que tout soit de seconde main ». La nouvelle génération semble partie du bon pied.

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