Tout quitter, voyager en camping-car puis s’installer à Barcelone, c’est la vie particulière et pas forcément toute simple qu’ont choisi Jennifer, Alexis et leurs enfants. Fraîchement arrivée à Barcelone, la mère de famille originaire de Savoie a accepté de nous rencontrer pour nous raconter son parcours. Portrait.
Photo de couverture : toutes les photos de cet article ont été généreusement fournies par Jennifer
« On cherchait une liberté de temps », affirmera-t-elle plusieurs fois au cours de l’entrevue. Et la liberté, est, en effet, un motif d’expatriation pour beaucoup des Français de Barcelone. Pour s’accorder cette liberté, Jennifer, 38 ans et son mari Alexis, 38 ans également, ont tout bousculé dans leur vie tranquille en Savoie.
Artisan entrepreneur d’une petite boite de couverture-zinguerie, Alexis ne voulait plus de ce quotidien stressant qui ne lui laissait pas le temps de voir ses enfants. De son côté, le contrat de Jennifer dans le médico-social n’a pas été renouvelé après le Covid. Pour eux, la décision de tout quitter a surgi comme une évidence : « on a commencé à se questionner, on a acheté un camping-car et on a eu très envie de partir. On avait envie de voyager, c’était l’occasion ou jamais », relate Jennifer, encore essoufflée par le trajet effectué jusqu’au café situé vers la Sagrada Familia dans lequel nous nous sommes donné rendez-vous.
Dans leurs valises, Maxence, 10 ans et Adrian, presque 9 ans, deux garçons tout blonds et pleins d’énergie. Ce départ est bienvenu pour le plus grand, pour qui l’école en France se passe mal. La petite famille prend donc place à bord de la maison roulante en septembre 2023, sans savoir que le voyage durerait 9 mois et qu’au final, ils ne reviendraient pas vivre dans leur Savoie natale.
Mais pour en arriver là, Jennifer et Alexis ont d’abord radicalement modifié leurs sources de revenus. Afin d’avoir des rentrées d’argent complémentaires, les deux aspirants voyageurs alors encore en France achètent, rénovent et louent deux biens immobiliers. Par la suite, ils vendent leur résidence principale et Alexis trouve aussi à revendre son entreprise. Forts de ces nouveaux revenus, c’est alors que l’idée du voyage prend forme dans leurs esprits. Ni l’un, ni l’autre n’a fait d’Erasmus ni n’a vécu dans un autre pays. C’est maintenant ou jamais.
Ils se décident à partir mais tombent d’accord : le plan initial du grand tour d’Europe requiert trop de temps et trop de budget. « Au final, on a voulu prendre notre temps, alors j’ai organisé les grandes lignes du voyage et après on a improvisé », raconte celle qui démarre à ce moment là un compte Instagram dans lequel elle documente les aventures nomades de sa famille.
La tribu passera finalement par le Portugal, la côte espagnole, fera un petit tour à Ténérife puis finira par l’Italie. Pendant tout ce temps, quelques sauts en France pour voir la famille, et surtout la visite d’écoles en Espagne. Car au beau milieu du voyage, Alexis et Jennifer décident que finalement, ils ne rentreront pas en France.
L’aventure barcelonaise
Motivés par la douceur de vivre espagnole, le coût de la vie et l’envie d’un nouveau départ, les parents pensent d’abord s’installer en Andalousie, mais le contact avec les écoles est compliqué. Bien aidés par Natacha, une traductrice recrutée via Facebook qui contacte les établissements pour eux – aucun des deux savoyards ne parle espagnol – ils trouvent finalement deux places pour Maxence et Adrian à Momo Escola, une école alternative située à Esplugues, une commune plutôt chic située au nord de Barcelone.
Le choix d’une scolarité alternative était non-négociable, explique Jennifer : “Le voyage nous a ouvert les yeux là-dessus, même si on avait déjà fait de l’apprentissage à la maison en France. Pendant l’aventure en camping-car on leur a fait l’école de la vie, on s’est adapté à leurs intérêts. Et en lâchant prise ils ont beaucoup plus eu envie d’apprendre”.
Une envie d’apprendre que les enfants amènent avec eux à Barcelone. Dès cette semaine, les deux iront tester en club le tennis pour l’un, le breakdance pour l’autre. Quant aux parents, c’est tout le challenge de l’expatriation qu’ils vont devoir affronter, non sans peine. « On a un peu des hauts et des bas. Trouver une voiture, un garage c’est source de stress et en même temps on se promène à Barcelone et on est trop bien », explique Jennifer, mi-inquiète mi-heureuse. La maman l’avoue, ne pas parler la langue ne facilite rien et elle est, comme tous les neó-expatriés, débordée par les démarches administratives.
Pour la suite, les deux presque quarantenaires veulent continuer leurs activités en ligne : développer son compte sur Instagram pour elle, et lui va intégrer – entre autres – un réseau immobilier.
De son voyage, Jennifer retiendra certaines leçons comme compter davantage sur des logements en Airbnb, ou démarrer une activité professionnelle à distance avant de voyager, mais elle en garde surtout le goût de l’aventure. Avec l’apprentissage de l’espagnol en ligne de mire, la petite famille espère bien pouvoir aller prochainement explorer l’Amérique latine « pas pour y vivre, juste en vacances », précise-t-elle en souriant.