En 2024, près de la moitié des féminicides ont eu lieu en Catalogne. Un chiffre que les autorités peinent à expliquer.
Sur 31 femmes assassinées par un homme en Espagne, 12 l’ont été en Catalogne. Non seulement cela fait de la région la plus meurtrière pour les femmes, mais cela établit aussi un nouveau record : en Catalogne, 2024 est la pire année depuis que les données sont enregistrées, alors qu’il reste encore 4 mois avant la fin de l’année.
Dernier drame en date, l’assassinat de deux femmes par un ex-gendarme dans la ville de Rubí, une commune non loin de Sant Cugat del Vallès, au nord de Barcelone. Les deux victimes étaient l’ex-femme et la compagne actuelle du gendarme à la retraite, ancien numéro 2 des forces de l’ordre catalanes, qui s’est suicidé après les avoir tué. Un système plutôt commun, puisque 32% des coupables se donnent la mort après avoir commis ce genre de crimes.
Présent à Rubí pour leur rendre hommage le 21 août dernier, le nouveau président du gouvernement catalan Salvador Illa a déclaré : « nous sommes et serons engagés dans la défense des femmes afin de garantir leur vie et leur sécurité en agissant avec une force maximale et avec toutes les ressources disponibles ».
Un nombre croissant de tragédies qui étonne, dans une région où les droits et la protection des femmes sont très avancés. La Catalogne, comme la communauté valencienne ou madrilène, a fait depuis de nombreuses années de la protection des femmes une de ses priorités. Malgré cette bonne volonté et les moyens mis en place, les dénonciations contre les violences sexistes et sexuelles continuent de grimper. En 2021, près de 80% des catalanes de plus de 15 ans déclaraient avoir déjà subi une agression machiste au cours de leur vie. Cette enquête, réalisée tous les 4 ans, en comptait seulement 64% lors du dernier sondage.
Une prise de conscience bénéfique
Une augmentation des cas qui serait paradoxalement une bonne chose, puisqu’elle serait due à une libération de la parole et à la conscientisation par les femmes des différents types de violences qu’elles subissent. Les violences sexistes et sexuelles ne concernent pas seulement les violences physiques mais aussi les commentaires et gestes sexuels, l’exhibitionnisme, la violence sexuelle numérique, les attouchements avec et sans violence, les relations sexuelles sous contrainte ou intimidation psychologique, le harcèlement sexuel au travail, les agressions avec violence ou intimidation, le viol et la tentative de viol.
Une prise de conscience bienvenue, qui permet une meilleure prise en charge des victimes et un système de détection plus efficace, mais qui reste insuffisante dans le cadre juridique : seulement 20% des femmes portent plainte au commissariat.
Récemment élu, Salvador Illa promettait lors de sa campagne en avril dernier de créer un commissariat général spécial pour les femmes afin de « lutter contre l’augmentation des plaintes pour violence masculine ».
Numéro d’urgence pour les femmes victimes de violence machistes en Catalogne : 900 900 120