La sécheresse en Catalogne est sur le point de modifier les habitudes alimentaires. Après l’huile d’olive menacée depuis le moins de juin, ce sont désormais les abeilles qui semblent être les nouvelles victimes de la raréfaction de la pluie. Et par conséquent un risque de disparition du miel local.
Les abeilles catalanes sont au chômage technique et une certaine tension règne chez les producteurs qui guettent le ciel en attendant la pluie à la façon d’un Jean de Florette. A El Perelló, dans le département de Tarragone, au sud de la Catalogne, on se consacre à la production de miel depuis 1888. Ces six générations d’apiculteurs ont permis à leur marque Miel Muria de devenir une référence nationale et internationale. « Le manque de pluie jusqu’au printemps a modifié le calendrier naturel de floraison et lorsque les plantes ont fleuri, parfois elles sont mortes avec la chaleur », se lamente Rafel Muria dans le pure-player espagnol El Confidencial.
Sans fleur, il n’y a pas de nectar, et les abeilles, fort logiquement, ne peuvent plus butiner. Les réserves de miel diminuent rapidement. La variété la plus touchée par la sécheresse est le miel de thym, récolté pendant les mois de février et mars, une période particulièrement sèche en Catalogne. Cette année, on ne verra pas ces produits dans les étalages des supermarchés, les producteurs affirmant de pas avoir pu livrer les distributeurs. Le miel de romarin est à moindre mesure impacté. On le trouve encore dans les magasins spécialisés.
Pourtant, on peut toujours trouver du miel dans les grandes surfaces catalanes. Oui, mais ce ne sont pas des miels régionaux, expliquent les producteurs.
Ces produits bon marché viendraient d’Ukraine et de Chine selon le syndicat des apiculteurs catalans. Rafel Muria, quant à lui, est très sceptique sur la qualité : « on ne sait pas s’ils sont traités avec des insecticides, s’ils ont été exposés à des antibiotiques, ils ne travaillent avec les standards européens ». Le secteur tente de recevoir une aide du ministère de l’Agriculture alléguant que ces miels étrangers sont “une concurrence déloyale” et qu’on peut les trouver à moitié prix en comparaison avec les produits de proximité.
La seule bonne nouvelle de cette affaire, c’est que lorsqu’il pleuvra, que les plantes fleuriront, et les abeilles butineront, la qualité du miel sera supérieure. Avec moins d’humidité, une récolte émergera d’un nectar très pur des fleurs.
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