Ces Français de Barcelone frustrés de passer leurs vacances « au bled » en France

Passer ses vacances en France, un casse-tête pour les Français de Barcelone.

Passer ses vacances en France, dans la famille, ou ailleurs sous le soleil, c’est le dilemme des Français à Barcelone. Entre les contraintes financières, les distances et les attentes familiales, ce choix génère son lot de frustration pour les expatriés.

Photo de couverture : Pixabay

Pour les Français expatriés à Barcelone, l’été est synonyme de dilemme. D’un côté, l’envie de profiter des longues soirées estivales dans leur ville de cœur ou dans une destination au bout du monde. De l’autre, le devoir familial qui les pousse à retourner en France. Ainsi, chaque été, une même question revient hanter leurs esprits : « Faut-il vraiment quitter ce petit coin de paradis pour retourner ‘au bled’ ? » Entre la nostalgie de la famille et l’envie de continuer à profiter du soleil catalan ou de partir ailleurs, le choix est cornélien.

Anne, originaire de Bordeaux, est expatriée à Barcelone, mariée à un Italien et possède de la famille à Paris et en Suisse. Autant dire que tout ce beau monde est bien éparpillé. « Le problème, c’est d’aller voir les grands-parents, les cousins, un peu tout le monde, sur les congés payés espagnols qui ne sont pas énormes, et faire que cela colle avec les vacances scolaires », explique cette mère de jumeaux de 6 ans.

« Jusqu’à l’année dernière, mon mari prenait ses congés et moi je faisais un peu de télétravail sur mon lieu de vacances en France, à Bordeaux, puis je prenais des congés et lui, il retournait travailler. Mais cette année, on a pris le fameux congé parental de 8 semaines. On en profitera pour aller dans la campagne de Bordeaux 3 semaines. »

Ils retournent ainsi tous les ans dans la célèbre région viticole pour rendre visite à leur famille, tandis que les grands-parents des enfants viennent à Barcelone une ou deux fois par an. « Si on décidait de ne pas y aller, ils seraient tristes, plus que fâchés, puisqu’ils ont envie de voir les petits-enfants. »

Les vacances en France, pas toujours relaxantes

Ce sentiment de frustration de passer ses vacances en France, de nombreux Français vivant dans la capitale catalane le partagent. Loin de leurs plages préférées et de leur ambiance cosmopolite, ils se retrouvent confrontés aux réalités de la vie en province… ou au stress d’une capitale qu’ils ont quittée pour une meilleure vie en Espagne. C’est le cas d’Alexandra, expatriée à Barcelone depuis cinq ans, mais qui retourne à Paris deux fois par an dans sa famille… Un moment qu’elle anticipe toujours avec beaucoup d’appréhension.

« J’ai perdu l’habitude du rythme parisien, des gens, de l’ambiance. Oui, c’est l’appréhension de retourner à Paris, et du fait des Jeux olympiques, je pense qu’il va y avoir pas mal de monde, donc ça va être compliqué de se déplacer, et je ne risque pas de me relaxer… Or c’est le but des vacances. Si j’avais eu le choix, j’aurais pris une chambre d’hôtel quelque part, en dehors de Barcelone, sur la plage, pour me relaxer et ne rien faire d’autre », regrette-t-elle.

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Au lieu de passer leurs vacances en France, certains préféreraient rester à Barcelone ou lézarder sur une plage.

Les raisons qui poussent les Français expatriés à Barcelone à retourner en France pour leurs vacances sont multiples. Les liens familiaux, le poids des traditions et des obligations sociales, ainsi que les considérations financières jouent tous un rôle. Si l’appel de la Méditerranée est fort, le besoin de retrouver ses racines et de partager des moments précieux avec ses proches finit souvent par l’emporter.

La culpabilité de ne pas rentrer dans la famille

Expatriée espagnole en France, Silvia vit la situation miroir, en revenant en Espagne pour ses vacances. C’est le même combat. « Avec mes jours de vacances, je rentre chez moi, à Sabadell, pour voir ma famille et mes amis. Mais on se rend compte après qu’au niveau budget vacances et des jours qu’on a sur l’année, ce n’est pas simple. C’est là le dilemme des expatriés », explique-t-elle. Elle a d’ailleurs consacré le 55e épisode de son podcast, ProfeOlé, à ce sujet.

À cela se rajoute un sentiment de culpabilité si on choisit de ne pas rentrer au bercail pour nos vacances. « Il y a la pression de rentrer pour voir la famille. Encore plus si on a des enfants, on se dit qu’ils vont grandir, qu’ils doivent voir leurs grands-parents, leurs cousins… Il y a toujours cette pression, qui est compréhensible, mais qui nous empêche de prendre de vrais choix. Parfois, on aurait juste envie de dire qu’on va aller à l’autre bout du monde pour y passer nos vacances », indique-t-elle. « Et puis, parfois, il y a beaucoup de monde à aller voir, c’est vraiment la course, ce n’est même pas des vacances quand on rentre dans la famille. Et c’est nous qui devons nous sacrifier, car c’est nous qui avons choisi de partir, alors que la distance est la même pour tout le monde. »

Alexandra souffre, elle aussi, de ce sentiment de culpabilité, mais vis-à-vis de sa grand-mère, qui vit en Serbie, d’où sa famille est originaire. Or, elle ne peut pas toujours y retourner pour des raisons financières. « Ce sentiment de culpabilité, je l’ai toujours eu, même en vivant en France, parce qu’en étant loin, on voit les événements sur les réseaux sociaux, mais on n’y assiste pas. Il y a des naissances, des mariages, ça bouge, et moi, je le vis un peu avec un regard différent, avec une distance qui me fait parfois souffrir. Mais bon, c’est la vie d’expatriée. Les gens pensent que tout est rose, mais parfois, c’est vraiment dur et on se sent seul. » À bon entendeur…

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