À l’instar de la paëlla et du flamenco, le taureau est un symbole incontournable de la péninsule ibérique. On le retrouve tissé sur des drapeaux ou en ornement sur les bibelots des boutiques de souvenirs. Quelle est l’origine de cette mascotte nationale ? Eléments de réponse.
Si cet animal symbolise depuis toujours la puissance et la fécondité, il a pris une importance particulière en Espagne. Une popularité qui ne s’explique pas seulement par la corrida ! Qualifié de « plus sauvage des animaux domestiques », ce bovin s’est élevé pour plusieurs raisons au rang de symbole national.
Dès la préhistoire, les parois des grottes telles que Lascaux ou Chauvet en France, monts d’Albarracín dans l’Aragon en Espagne, représentaient souvent les taureaux. Une fascination qui s’est ensuite transmise à travers les siècles dans le monde entier. Les civilisations égyptiennes et celtes lui ont notamment voué un culte. Par exemple, la légende du Minotaure, issue de la mythologie grecque. Cette histoire de créature mi-homme mi-taureau, enfermée dans un Labyrinthe en Crète, aurait d’ailleurs été inspirée par des événements réels datant de l’âge de Bronze.
Toutefois, l’histoire entre les hommes et le taureau n’a pas été continue, en particulier en Europe. L’historien des couleurs et des bestiaires, Michel Pastoureau, rappelle qu’à partir du Moyen-âge, la présence du taureau a été totalement occultée. Il a ainsi disparu de la culture européenne pendant des siècles. Ce serait la corrida qui, à partir de la moitié du 18e siècle, aurait remis ce noble animal sur le devant de la scène.
La tauromachie, aussi décriée qu’adulée
Les spécialistes s’accordent sur le fait que la tauromachie serait née d’un croisement de deux traditions. Celle des fêtes de village, durant lesquelles les hommes montraient leur courage en se mesurant aux taureaux et celle des loisirs chez les nobles, dès le 16e siècle.
Ainsi, progressivement, la corrida évoluera en incluant différents codes pour devenir le spectacle que l’on connait actuellement. Dans la péninsule ibérique, elle a longtemps été considérée comme une institution indétrônable. Plusieurs artistes (peintres, écrivains…) ont été inspirés par cette thématique, à commencer par Goya, Dali, Picasso ou Federico García Lorca.
Les bovins Osborne ont la cote
Alors que la marque de vins espagnols Tío Pepe était déjà connue pour son emblème publicitaire représentant une bouteille avec une guitare, les Bodegas Osborne sollicitent une agence de publicité pour promouvoir leur brandy Veterano.
Le dessinateur Manuel Prieto propose alors la silhouette d’un taureau de combat à l’air défiant, symbole selon lui de la culture méditerranéenne et de la virilité, que cherchait à incarner la marque. D’abord réticents, les propriétaires d’Osborne finissent par accepter. La silhouette du taureau apparaît désormais sur les étiquettes du brandy et sur toute sa publicité. Le premier « taureau de la route » est installé en 1957, sur la N1 reliant Madrid à Burgos.
Trois ans plus tard, l’Espagne compte plus de 500 toros de Osborne, certains atteignant 14 mètres de haut… et aucun en Catalogne. Les nationalistes ont abattu, par deux fois (en 2002 et en 2007), le seul exemplaire se trouvant dans la région. Ils entendent ainsi s’opposer à l’Espagne et revendiquer leur indépendance. Certains ont d’ailleurs adopté un autre symbole : l’âne catalan, robuste et fier !