Tout cet été, Equinox vous raconte la conquête territoriale d’un des plus grands empires de l’Histoire : l’Espagne. Dans cer épisode, rendez-vous en Colombie, terre de la mythique El Dorado et des terribles encomiendas.
Photo de couverture : Wikipedia Commons
Ce dimanche, cap sur la Colombie, où les conquistadors espagnols affolés par la fièvre de l’or s’affrontèrent à coups d’expéditions indépendantes, massacrant sur leur passage les tribus rencontrées. Histoire d’un pays que n’a jamais vu Christophe Colomb mais qui a subi toute la folie conquérante de ses confrères.
Avant l’arrivée des Espagnols, la Colombie était peuplée de nombreuses tribus, des sociétés complexes qui vivaient de l’agriculture et habitaient où ils le pouvaient face aux conditions arides d’un pays traversé de montagnes. C’est à l’aube du XVIe siècle que les conquistadors espagnols – sans Christophe Colomb, qui n’a jamais posé le pied en Colombie – débarquent sur la cote de la Guajira, mus par le désir de s’enrichir et d’étendre le christianisme.
La colonisation du territoire fut lente, douloureuse et éparse, puisqu’il n’y avait pas de grande ville à faire tomber mais des dizaines de tribus éparpillées à faire ployer : elle durera de 1499 à 1550. Durant ce laps de temps, les tribus Tayronas, les Muiscas et les Quimbayas, entre autres, voient leurs terres envahies et leurs ressources pillées, impuissants face aux armes à feu des Espagnols.
Photo : Wikipédia Commons
Cette soif de terres et de conquête est notamment due au mythe d’El Dorado, construit par le conquistador Alonso de Ojeda (un des premiers à accoster sur le sol colombien), qui était convaincu qu’une mystérieuse cité remplie d’or était cachée dans la région. S’il est vrai que certaines tribus avaient réussi à extraire l’or de leurs sols et à en faire, grâce à leur maîtrise de la ferronnerie, des bijoux et ornements, la région n’était pas réellement cet El Dorado.
Une conquête violente
Or ou pas, les colons désirent avant tout contrôler ce qu’ils appellent la Nouvelle-Grenade. Parmi les nombreuses expéditions entreprises, une reste particulièrement célèbre : celle de Gonzalo Jiménez de Quesada. Partant de Santa Marta, Quesada s’enfonce dans les terres en suivant le fleuve Magdalena, affrontant des conditions difficiles, des maladies et la résistance indigène. En 1538, il atteint finalement la région des Muiscas et fonde la ville de Santa Fe de Bogotá (en vert sur la carte).
Après avoir vaincu les tribus indigènes, les Espagnols leur imposent le système des encomiendas, une sorte d’esclavage camouflé. En échange de ce qui est en réalité un travail forcé dans les mines, les colons donnent aux indigènes une prétendue protection et évangélisation.
L’économie coloniale se structure alors autour de l’extraction de l’or et de l’agriculture, avec des plantations de canne à sucre et de tabac. Les conditions de travail sont extrêmement dures et les abus fréquents. De nombreuses populations indigènes, décimées par la violence, les maladies importées par les Européens et les conditions de travail, voient leur nombre diminuer drastiquement.
Photo : carte des voyages espagnols en Colombie – Wikipédia Commons
En 1542, la Colombie voit l’esquisse d’une amélioration grâce à l’intervention d’un ecclésiastique nommé Fray Bartolomé de las Casas. Reconnaissant les horreurs de l’encomienda, il la transforme en repartimiento. Dans les faits, les magistrats restés en Espagne mettaient à disposition des colons des indigènes qui travaillaient pendant des cycles de semaines, de mois ou d’années, dans des fermes, des mines, des ateliers ou des chantiers. En réalité ce calendrier de cycles n’est pas respecté par les colons, et la royauté espagnole ne vient pas vérifier en Colombie la bonne tenue des règles édictées.
Le métissage comme richesse
Les Espagnols font avec le temps de la Colombie un passage commercial de premier ordre et y ramènent des esclaves venus d’Afrique. Au fil des années, le pays se métisse fortement, et la langue espagnole et le catholicisme en sont les fondements, ce qui est toujours le cas aujourd’hui.
Avec l’idée du métissage comme richesse, le Venezuelien Simon Bólivar réussira à libérer la Colombie du joug colonial en créant la Grande-Colombie en 1819, un pays composé du Venezuela, de la Colombie puis de l’Équateur. Cette super-nation sera désunie en 1830, mais la richesse du mélange colombien subsiste encore aujourd’hui.