Selon la dernière enquête municipale, plus d’un Barcelonais sur deux estime que la ville s’est dégradée depuis l’année dernière. Un sentiment qui ne cesse de croître depuis 20 ans. Tentative d’explications.
Photos : C.Laurent
A la question, « Barcelone s’est-elle dégradée, améliorée ou ni l’un ni l’autre ? », 55% des Barcelonais optent pour la première option. C’est un peu plus qu’en fin d’année dernière (52%), mais moins que lors du record de mécontents : 66% en novembre 2022.
La tendance, si elle fluctue, est toutefois bien réelle : depuis 2004, les Barcelonais trouvant leur ville moins agréable qu’avant sont plus nombreux que ceux qui voient une amélioration et l’écart ne cesse de se creuser. Et ce n’est pas une vision de personnes âgées nostalgiques : la même évolution s’observe à travers toutes les tranches d’âge. A noter toutefois que les locaux sont beaucoup plus critiques que les étrangers, et notamment les extra-européenns qui ont une vision bien plus positive de la ville.
La sécurité à Barcelone
Mais pourquoi les Barcelonais estiment-ils que leur ville se dégrade ? Selon la dernière enquête municipale, l’insécurité, le logement et le tourisme sont les plaies de la cité catalane. Les crimes et délits sont-ils vraiment en augmentation ? Les chiffres du Ministère de l’Intérieur répondent par l’affirmative, avec une hausse de 10% des infractions pénales par rapport à l’années dernière.
Après une chute drastique durant la pandémie, les délits retrouvent en réalité les niveaux de 2018-2019, années noires de la sécurité à Barcelone. La cité catalane est ainsi la ville la plus dangereuse d’Espagne avec 114 infractions pénales pour 1000 habitants, bien devant Valencia (79), Séville (79) et Madrid (76).
Le logement
Indéniablement, le logement est devenu un épineux problème à Barcelone. Avec une augmentation des loyers de 50% en 10 ans, difficile de trouver désormais à se loger décemment avec un salaire de base. Le prix du loyer moyen est désormais à 1200 euros, un record historique. Pour ce prix-là, on loue désormais à Barcelone un logement de 50 mètres carrés.
Conséquence : les populations les plus précaires quittent la ville, et se voient remplacées par des classes aisées voire des touristes au budget plus important. Un véritable exode qui pourrait vite coûter son âme à la cité comtale.
Le tourisme
Il est évident pour tous, habitants, collectifs de quartiers, institutions et professionnels du secteur, que le modèle touristique doit être revu à Barcelone. Les masses de touristes qui envahissent les trottoirs, les pistes cyclables et une grande partie du centre historique empêchent toute bonne cohabitation avec les locaux. Pire, de nombreux appartements touristiques se trouvent dans les mêmes immeubles que les résidents, qui en perdent le sommeil et la santé.
Malgré l’annonce-choc du maire d’interdire les appartements touristiques, la régulation sera lente et compliquée. C’est tout un système qu’il faut repenser, sans mettre en péril les emplois et la richesse générée.
La mobilité
A l’inverse, la mobilité est l’un problèmes les moins soulevés par les Barcelonais. Le mécontentement dû aux infrastructures, aux transports en commun ou aux difficultés de circulation est même en baisse depuis plusieurs années. Et c’est certainement l’une des plus grandes réussites des récentes équipes municipales. En renforçant le réseau de bus et en créant de nombreuses zones de mobilité douce (piétons, cyclistes, trottinettes), la mairie a rendu la ville à la fois plus agréable et plus pratique pour les déplacements.
Les chantiers ne sont d’ailleurs pas encore terminés avec en projet une zone piétonne vers la Sagrada Familia, la restriction des voitures sur une partie de l’avenue Diagonal et sur les côtés de la Rambla et, entre autres, l’achèvement du grand espace vert de Glòries. Une transition écologique qui permet aussi de réduire la pollution sonore et atmosphérique, améliorant notablement la qualité de vie… et de la ville.