Vivre entre Français à Barcelone : peut-on vraiment y échapper ?

Espagne

De nombreux Français qui s’expatrient rêvent de s’immerger totalement dans la culture espagnole en fuyant leurs compatriotes. En réalité, il est très difficile de vivre en-dehors de sa communauté. N’échappons-nous donc jamais à l’entre-soi ?

Photo de couverture : Clémentine Laurent

« Moi, je ne serai pas de ces Français qui ne vivent qu’entre eux. Je ne me ferai que des amis espagnols », annoncent fièrement un bon nombre de futurs expatriés Barcelonais. Dans les faits, c’est beaucoup moins vrai.

Malgré toute la bonne volonté du monde, construire un cercle proche dans une langue qui n’est pas la sienne peut s’avérer compliqué. D’abord parce que beaucoup de Français qui s’expatrient ne parlent pas bien espagnol, et que la barrière de la langue est difficile à surmonter. Ensuite, échapper aux presque 60 000 Français de Barcelone n’est pas aisé, ni rencontrer des locaux, surtout quand on travaille dans une entreprise française ou qu’on est freelance et auto-entrepreneur, comme Lionel, qui s’est installé à Barcelone il y a 8 mois avec sa compagne Américaine.

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Le Belge était déterminé à rencontrer uniquement des Espagnols : « je me suis vraiment dit qu’il ne fallait parler qu’espagnol, mais n’ayant pas de collègues, ça a été difficile ». Décidé à ne pas engager de relations avec des francophones, le trentenaire s’isole.

Finalement, il se dit que la priorité est de sortir de la solitude : « à un moment j’ai réalisé qu’il fallait d’abord me faire un groupe d’amis francophones, et que de là je pourrais rencontrer de nouvelles personnes ». Face à l’impossibilité de se lier avec des espagnols, les expatriés sont nombreux à ressentir comme lui une forme de culpabilité, celle de ne pas réussir à s’intégrer parfaitement du premier coup. Déception, aussi, d’être « comme les autres » et de ne pas vivre l’expatriation dont ils rêvent.

Et au final, on reste souvent entre Français

Certains expatriés réussissent, à force de bonne volonté et de détermination, à s’intégrer pleinement. Mais toujours, au fond, se trouve cette envie de côtoyer des gens qui viennent du même pays que soi pour partager sa culture, ses valeurs, son style de vie… C’est exactement ce qu’à vécu Chloé, 29 ans et installée à Barcelone depuis 2 ans. Quand elle arrive dans la cité catalane, la jeune femme n’a qu’une idée en tête : se fondre dans la masse des Barcelonais. Elle emménage alors dans une coloc avec des Espagnoles, « pour être vraiment immergée dans la culture, dans la manière de vivre, pour pratiquer la langue et être bilingue ».

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Photo : Cyane Morel

Très vite, les colocataires deviennent amies. Ajoutons à cela que Chloé, responsable comptable et contrôleuse de gestion travaille dans une entreprise espagnole et le tour est joué : son cercle d’amis est local, elle a « réussi » l’expatriation dont tous rêvent.

Aujourd’hui pourtant, elle a déménagé avec une Française. Si la Toulousaine garde de bonnes relations avec ses collègues, elle l’avoue, son cercle proche reste français : « c’est plus facile, on a les mêmes références, l’humour est plus fluide, on a les mêmes problématiques. Au début j’étais frustrée, mais mes amis sont des gens géniaux et s’ils sont Français c’est comme ça, je ne vais pas me priver ou me forcer. Je pense que c’est mon équilibre et ça ne m’empêche pas de vivre vraiment dans le pays pour autant ».

De son côté, Lionel n’a pas encore d’amis espagnols mais il en est désormais certain, « c’est une fausse bonne idée de ne vouloir rencontrer aucun francophone, car ça isole beaucoup ». Lui comme Chloé s’accordent à dire que l’essentiel est de construire un cercle social, avec ou sans Espagnols et sans être trop dur avec soi-même. S’intégrer, ça prend du temps.

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